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Une affaire en règles

Jeanne-Françoise Weinkeller
La Nation n° 2203 17 juin 2022

La presse quotidienne m’a appris récemment que l’Etat de Vaud met à disposition des élèves féminines des protections périodiques gratuites dans cinquante et un établissements de formation, à titre d’expérience pilote. J’admire la sollicitude du département qui materne la jeunesse. De mon temps, les filles se débrouillaient toutes seules; c’était une époque où la providence administrative avait des limites. Il arrivait bien sûr que l’une ou l’autre d’entre nous, imprévoyante ou mal équipée, soit la victime rougeoyante d’un petit accident; on n’en faisait pas un drame; on en rigolait entre ados. Le temps de l’hygiène collective est arrivé; dont acte.

Ce qui m’«interpelle», comme on dit aujourd’hui, ce sont les annonces collatérales à celle de ce secours salvateur. Je découvre en effet que l’expérience pilote repose sur un questionnaire auquel ont répondu 13’600 élèves de l’école obligatoire (7e à 11e année) et post-obligatoire. Les choses ont donc été faites scientifiquement. Ce sondage semble unique en Suisse, déclare fièrement l’officialité; ce qui montre à quel point notre Canton est progressiste dans son activité statistique et dans son assistance aux filles démunies. Il révèle que trois quarts des élèves menstruées se sont trouvées en manque de protection à l’école – enfin ce phénomène social majeur est quantifié – et que 5% disent avoir des difficultés financières à s’en acheter; de méchants esprits penseront que c’est bien peu pour justifier la mobilisation du Département, mais cette pensée mesquine fait bon marché de la détresse des plus faibles.

L’Etat de Vaud, non content d’innover dans la protection gondolo-sociale, est aussi inventif sur le plan du langage. Car cette enquête fait partie d’un projet d’ensemble intitulé Agir contre la précarité menstruelle. On connaissait déjà la précarité financière de nos miséreux (si nombreux selon Caritas et selon le vieux professeur marxiste Calame), la précarité professionnelle qui guette tant de futurs chômeurs, la précarité morale des minorités sexuelles épelées au fil des lettres de l’alphabet; voici donc une nouvelle précarité qui enrichit notre vocabulaire et notre connaissance de la situation victimaire du sexe qu’on ne voulait pourtant plus dire faible.

Mon étonnement atteint son comble lorsque je lis une estimation des coûts – forcément modérés – que représente la distribution gratuite des produits hygiéniques (d’ailleurs garantis biologiques), estimation due à une dame qui occupe la fonction de déléguée à la protection du climat scolaire. Il me semblait bien que les effectifs du département de Mme Amarelle augmentaient indûment. Voilà le début d’une explication. Et la croissance du fonctionnariat en tire les profits, même si c’est grâce aux pertes...

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