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Le remplacement des valeurs

Benoît de Mestral
La Nation n° 2205 15 juillet 2022

La RTS nous apprend qu’à Genève, la Direction générale de l’enseignement a adressé la même requête qu’en 2019 aux établissements d’enseignement «secondaire II» – c’est-à-dire aux gymnases, écoles de culture générale et écoles professionnelles principalement: prière de ne pas organiser d’examens le 14 juin. Une instruction à laquelle notre Canton, ainsi que Neuchâtel et le Jura, avaient fait écho en 2019, mais heureusement pas cette année.

Les universités ont pour le moment échappé à ce phénomène. Un glissement inquiétant apparaît néanmoins chez nos voisins au Nord-Est: l’Université de Fribourg, première université catholique de Suisse, a tenu des examens le dimanche, ainsi que lors de la Fête-Dieu. Ceci alors qu’elle est établie dans un canton relativement conservateur, dont 70% de la population se déclarent chrétiens, contre 54% chez nous1.

Revenons sur le 14 juin. Il ne s’agit pas d’une nouvelle fête patriotique (l’Escalade et la Restauration sont toujours prévues pour l’hiver), ni d’une célébration religieuse, laïcité constitutionnelle oblige. L’objectif touche toutefois à ce que certains appellent une fête, et le procédé trahit un parfum quasi-religieux sans pour autant embaumer la myrrhe ou l’encens: il s’agit d’encourager la participation à la «Grève de la femme».

Participation des examinateurs et surveillants, peut-être, mais surtout participation des élèves, qui ne sont pas dotés des droits politiques puisque mineurs. Il est certainement utile à la société que les jeunes soient sensibilisés au fonctionnement des institutions lorsqu’ils atteignent la majorité. Cette sensibilisation incombe toutefois aux parents, et non à l’Etat à travers l’instruction publique; quand bien même cette tâche appartiendrait à l’école, encourager nos enfants à participer à des manifestations politiques est-il un bon moyen de les instruire, surtout lorsqu’elles ont des revendications aussi floues et éparpillées que celle-ci2? Plus encore, comment admettre que l’instruction publique fasse en sorte d’exposer notre jeunesse à cette unique manifestation, alors que Genève a connu plus de quatre cents manifestations autorisées à caractère politique en 20193?

Les statistiques fédérales précitées comme les récentes élections au Conseil d’Etat démontrent que les principes sur lesquelles notre Pays s’est construit existent encore dans la population, même si elles désertent nos écoles et universités. Les efforts de l’administration genevoise n’ont pas porté leurs fruits: alors que vingt-cinq mille étudiants ont été libérés le 14 juin, la fréquentation totale de la «Grève de la femme» à Genève n’a atteint que quatre mille personnes.

Tant que le premier lieu d’éducation de la jeunesse reste la famille, l’espoir est permis.

Notes:

1    OFS, «Appartenance religieuse selon les cantons», no je-f-01.08.02.02, publié le 24 janvier 2022.

2  Cf. grevefeministe.ch/manifeste-2: augmentation des rentes AVS pour prendre en compte le travail ménager, «réduction massive du temps de travail», non-intervention sur les nourrissons intersexués, reconnaissance des formations dispensées à l’étranger, régularisation des immigrantes en situation illicite, élargissement du droit à l’asile pour les femmes spécifiquement, révision de la formation des enseignants, souveraineté alimentaire, communisme, etc.

3  Xavier Lafargue: «Les manifestations politiques ont explosé à Genève», in Tribune de Genève, 17 mars 2021.

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