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Revendication du salami

Benoît de Mestral
La Nation n° 2228 2 juin 2023

En 2017, Sibel Arslan et Rebecca Ruiz déposaient au Conseil national deux postulats visant l’introduction à l’état civil d’un troisième sexe, respectivement d’un troisième genre. Il faut croire que la doctrine woke sur la distinction entre sexe et genre n’était pas encore aboutie. Passons. Ces deux postulats ont été adoptés, sur la recommandation du Conseil fédéral, qui dut donc y répondre par un rapport, chose qu’il a faite en décembre dernier. Dans son rapport de vingt-quatre pages, le CF considère qu’une telle nouveauté impliquerait de nombreux changements de lois et une forte charge de travail pour l’administration; il rejette en outre le principe d’une telle nouveauté, revendiquée «de manière isolée».

Fin avril, la Commission des affaires juridiques du Conseil national s’est à nouveau penchée sur ces postulats et le rapport y répondant. Par treize voix contre six et une abstention, elle a décidé d’adopter un postulat de commission mandatant le Conseil fédéral de dresser un nouveau rapport présentant «les mesures qui pourraient améliorer la situation des personnes non binaires sans qu’il soit nécessaire d’abandonner, sur le plan juridique, le principe de la binarité des sexes» ainsi qu’une vue d’ensemble des mesures existant à l’étranger.

L’Allemagne connaît depuis 2018 la possibilité de s’inscrire à l’état civil comme «divers». Un peu moins de quatre cents personnes ont requis cette inscription depuis. La population allemande représentant environ huitante-trois millions de personnes, on peut imaginer qu’environ quarante personnes en Suisse fassent une telle demande si une loi similaire était adoptée chez nous.

Il est clair qu’en luttant pour un maigre aménagement administratif concernant 0,00046% de la population, les socialistes et les verts ne visent pas l’accomplissement du bien commun, mais de leur programme de réorganisation de la société.

La méthode, surtout, doit être dénoncée: même après avoir causé un important gâchis d’argent public à travers un premier postulat, même face à un refus net du Conseil fédéral, on recommence en réduisant la voilure jusqu’à pouvoir faire passer la moindre petite mesure, ensuite de quoi on se félicitera et voudra construire sur cet acquis. La NZZ am Sonntag et 24 heures rapportent cette nouvelle comme «une étape, un pas pour inscrire un troisième genre à l’état civil», alors que le postulat évite justement de viser trop directement cet objectif. La technique du salami est clairement revendiquée, et son usage par la gauche si banalisé que la conciliation qui fait la force et la stabilité de la politique suisse s’en trouve sérieusement mise en danger.

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