La marmotte est irréfutable

Les vacances d’été constituent une période creuse pour les médias. Bien sûr, il y a la guerre en Ukraine, les émeutes en France, le réchauffement climatique, les luttes de la gauche pour l’écriture inclusive et les toilettes transgenres, ou encore les millions de morts atroces causées par l’aérodrome de la Blécherette si l’on en croit les études brandies par les autorités lausannoises. Mais on manque tout de même de sujets vraiment importants.

Heureusement, une école secondaire d’une bourgade saint-galloise a publié les premiers résultats d’une expérience scientifique menée depuis une année, qui consiste à faire commencer les cours à 8h30 au lieu de 7h30. «L’expérience montre que cette mesure est appréciée.»

Une rapide recherche sur internet indique que d’autres écoles suivent le mouvement. Elles s’inclinent ainsi devant les découvertes les plus récentes de la science, lesquelles démontrent que les adolescents ont besoin d’environ 9 heures de sommeil, que leur biorythme leur interdit d’aller se coucher plus tôt et qu’il est donc indispensable qu’ils puissent dormir plus longtemps le matin. «D’après de nombreuses recherches néerlandaises, anglaises et américaines, commencer l’école trop tôt serait une cause majeure de la privation et de la mauvaise qualité de sommeil chez les enfants de 10 à 18 ans. Démarrer plus tard devrait en outre contribuer à de meilleurs résultats scolaires. […] Plusieurs chercheurs plaident pour qu’on évite les matières les plus exigeantes (comme les mathématiques) et les tests lors de la première heure du matin et qu’on les réserve à la fin de la matinée, afin de donner les mêmes chances à chacun.»

Nous avons souvent tendance à nous méfier des études scientifiques, qui ne servent qu’à donner un vernis irréfutable aux conclusions que leurs commanditaires souhaitent promouvoir. Toutefois, dans le cas présent, nous ne pouvons que confirmer le caractère sérieux de ces recherches, puisque leurs résultats (qui ne s’appliquent pas seulement aux adolescents, selon une psychiatre) correspondent exactement à notre ressenti-au-niveau-de-notre-vécu. Nous sommes ainsi en mesure de valider l’hypothèse scientifique selon laquelle commencer les cours ou le travail une heure plus tard permet de dormir une heure de plus (les chercheurs semblent catégoriques sur ce point), et de confirmer personnellement la prédominance d’une envie certaine et quotidienne de dormir une heure de plus.

Jusqu’à présent, nous mettions cela sur le compte du rythme biologique propre à chaque être humain – il y a les lève-tôt et il y a les autres, c’est comme ça. Nous n’excluions pas non plus d’y voir une pointe de paresse s’accentuant avec l’âge. Grâce aux progrès admirables de la recherche scientifique, nous savons désormais qu’il s’agit au contraire d’un signe de jeunesse.