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Concepts de civilisation et d’Etat-nation - on nous écrit

Dan ZieliOn nous écrit
La Nation n° 2231 14 juillet 2023

Abonné à La Nation, j’ai apprécié lire dans votre édition du 2 juin dernier, l’article de M. Olivier Delacrétaz relatif à l’ouvrage de feu le Pr. Samuel Huntington1 quant aux concepts de civilisation et d’Etat-nation et les dangers liés à une perspective guerrière de « défense de la civilisation», au détriment de l’intérêt du peuple et de son Etat.

Je souhaite cependant vous faire part d’une remarque à ce sujet. En effet, il ne me semble pas, au regard de ce qu’écrit M. Delacrétaz en début d’article, que la thèse de Samuel Huntington était le « remplacement» progressif des Etats-nations par des entités culturelles plus grandes nommées civilisations. A mon sens, le choc des civilisations, écrit dans le contexte du milieu des années 1990, se veut avant tout être un ouvrage proposant un cadre théorique global, issu des sciences politiques, et mettant en avant les « civilisations» comme grille de lecture principale des relations internationales au sortir de la Guerre froide (p.10) où ces dernières étaient marquées par l’opposition entre blocs idéologiques et systèmes économiques. Dans un monde en recomposition, après la désintégration de l’URSS et d’une autre fédération de républiques socialistes multinationales – la Yougoslavie – (pp.23-24), ces « civilisations» ne seraient pas, selon l’auteur, des ensembles politiques appelés à remplacer les Etats, mais plutôt le plus petit dénominateur commun d’appartenance culturelle entre ceux-ci. Principalement fondées sur l’appartenance religieuse, leurs lignes de contact, au niveau régional ou mondial, devaient déterminer les conflits et bouleversements géopolitiques à venir au tournant du XXIe siècle. Notons que cette thèse ne remet pas en cause les particularismes des nations qui sont souvent analysées au fil de l’ouvrage. L’auteur s’appuie sur les conflits et mutations marquant les années 1990, lors de la rédaction de son ouvrage, évoquant entre autres les cas de l’ex-Yougoslavie, du Caucase et de l’Asie centrale anciennement soviétiques mais aussi la désoccidentalisation et l’affirmation économique, militaire et culturelle de nations asiatiques et musulmanes (pp.144-154, 161-166, 387-393). Dès lors, S. Huntington évoque également les divisions culturelles, notamment religieuses et linguistiques traversant l’Ukraine postsoviétique dès son indépendance (pp.241-244), pays qu’évoque M Delacrétaz dans le cadre du conflit armé actuel. Enfin, il est intéressant de noter que S. Huntington reconnaît lui-même les limites de son modèle et ses simplifications (pp.25-28). Les critiques quant à l’appartenance d’un Etat ou d’un espace à une civilisation ou l’autre, par ailleurs, reviennent parfois à confirmer l’existence de celles-ci, en termes d’identité culturelle et religieuse, tel que le propose Huntington pour une compréhension des relations internationales au niveau global.

Notes:

1   Huntington Samuel P., Le choc des civilisations, Paris, Editions Odile Jacob, 1997 (trad. française).

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