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La Mi-été

Jean-François Cavin
La Nation n° 2233 11 août 2023

Ce numéro de notre journal paraissant le 11 août, il est tout indiqué d’évoquer la Mi-été. Cette fête alpestre a lieu généralement le premier dimanche d’août sur nos hauteurs alpestres, le deuxième parfois, surtout en Valais. Elle marquait autrefois la visite aux alpages des propriétaires de bétail, venus vérifier l’état de leurs bêtes et mesurer la production de fromage; c’était l’occasion de fraterniser, en famille, avec les bergers. Aujourd’hui, la rencontre est devenue essentiellement festive, tout en conservant un caractère modeste et champêtre.

La plus célèbre Mi-été est celle de Taveyanne, le premier dimanche du mois. Car elle a été célébrée par Juste Olivier dans les paroles d’une chanson bien connue; mais aussi, sans doute, grâce au charme inégalable du hameau, miraculeusement préservé, avec ses chalets discrets et bien groupés, comme pour se tenir chaud les uns les autres, dans un site majestueux. La fête y est bien réglée: culte matinal dans la prairie, verrée, repas, chant, danse, picoulet.

Le poème de Juste Olivier comporte vingt-quatre strophes, qu’on ne chante guère intégralement. Il faut dire que, si certaines sont d’une innocente joliesse, parfaitement en harmonie avec la veine populaire, d’autres sont inspirées d’un patriotisme suissard un peu pénible; on s’en passe aisément puisqu’on a l’embarras du choix. On ne sait qui a composé la musique; probablement personne, comme pour tant d’airs populaires qui semblent venus de la nuit des temps; et c’est une belle mélodie, simple comme la vie des montagnards, aérée comme l’espace des sommets, avec un très léger voile de mélancolie comme il convient quand la saison va bientôt tourner.

La ligne en est bien dessinée et les harmonies claires. Cela sied à une interprétation au carillon, dont l’art s’accorde avec la simplicité de cette musique, chaque cloche ayant déjà tant d’harmoniques qu’il ne faut pas trop brouiller le tableau sonore. Le carillonneur amateur de Pully-La Rosiaz aime donc jouer ce chant; il l’a fait retentir non seulement sur son instrument, mais aussi à Zofingue vers la plaisante place carrée du bourg, à Genève depuis le clocher de Saint-Pierre, à Lens en salut vaudois aux gens du Vieux-Pays, à Bergues pour émouvoir les Ch’tis.

A Saint-Etienne de Moudon, le carillon automatique égrène de façon tout à fait incongrue que L’amour est enfant de bohême. A une note près (et l’adaptation se ferait sans peine), la tessiture est la même que celle du chant serein de Taveyanne qui remplacerait avantageusement une Carmen allumeuse et exotique.

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