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Un centenaire pour l’école de Lausanne

Benjamin Ansermet
La Nation n° 2235 8 septembre 2023

Il y a cent ans, le 19 août, l’économiste et sociologue Vilfredo Pareto s’éteignait à l’âge de septante-cinq ans. Si son nom évoquera peut-être à certains de nos lecteurs un lycée lausannois, il est probable que ce centenaire soit passé sans que vous le sachiez. Pourtant, Pareto fut l’un des deux fondateurs d’une école de pensée économique, l’école de Lausanne. Mais quel rapport entre un économiste italien et le Canton de Vaud? Pour le comprendre, remontons un peu plus en arrière, au premier fondateur de l’école.

Léon Walras était un économiste français, né en Normandie en 1834. Il vint à Lausanne pour la première fois en 1860 afin de participer au congrès international de l’impôt organisé par le Conseil d’Etat. Sa proposition était de nationaliser les sols, leur location devant ensuite constituer la seule source de financement de l’Etat.

Dix ans plus tard, Louis Ruchonnet, alors conseiller d’Etat en charge de l’instruction publique, l’invita à occuper une chaire d’économie politique, débutant ainsi l’enseignement des sciences économiques à l’Académie de Lausanne.

Peu après, Walras donna naissance – avec Carl Menger en Autriche et William Stanley Jevons au Royaume-Uni – à la révolution marginaliste, l’une des plus importantes révolutions de l’histoire de la pensée économique.

Les travaux de Walras cherchèrent à définir mathématiquement l’équilibre général de l’économie, via les mécanismes du marché. Il introduisit ce faisant l’importance des mathématiques en économie.

Son positionnement est compliqué à définir. Si une partie de son œuvre, qui connaîtra le plus grand héritage, marquera les courants libéraux, d’autres parties cherchent à résoudre la question sociale et font questionner un rapprochement avec le socialisme. Ces dernières furent toutefois les plus rapidement oubliées, y compris par son disciple et successeur, Pareto. Ceci permet de signaler que le nom d’école de Lausanne ne correspond pas à un accord absolu des différents auteurs.

Pareto reprit le poste de Walras en 1893. Ses travaux portèrent notamment sur la recherche d’un optimum d’utilité sociale, situation dans laquelle aucun acteur ne peut améliorer son niveau de bien-être sans porter atteinte à celui d’un autre. Ses travaux tendaient vers une faible présence de l’Etat pour laisser les forces du marché agir librement. Son influence sur l’un de ses étudiants, un certain Benito Mussolini, fait l’objet de certaines discussions et controverses.

Pareto participa aussi, en 1902, à la création d’une filière d’études en sciences sociales. Puis à la fondation de l’école des Hautes Etudes Commerciales en 1911. Les deux écoles, alors intégrées à la faculté de droit, devinrent des facultés à part entière à la fin des années septante.

Après la mort de Pareto, l’école de Lausanne se disloqua progressivement. L’influence de ses deux pères fondateurs demeura cependant essentielle pour une grande partie de la science économique.

Aujourd’hui, l’université dispose des archives de Pareto et Walras. Le Centre Walras-Pareto, centre d’études interdisciplinaires en pensée économique et politique, étudie notamment leur pensée. Une plaque d’hommage à Walras est toujours visible dans le couloir du rez-de-chaussée de l’ancienne Académie. Elle fut inaugurée en 1909, une année avant sa mort.

Si la qualité de l’apport de l’école de Lausanne est discutable, l’ampleur de son influence est indéniable et mérite d’être rappelée. Que les cent ans de la mort de Pareto participent au moins à ça!

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