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La politique du mot-clef

Benoît de Mestral
La Nation n° 2246 9 février 2024

Lors de sa séance du 16 janvier, le Grand Conseil a connu une confusion plus importante qu’à son habitude. Certains commissaires chargés du projet de décret adoptant le plan stratégique de l’Unil ont cru à tort ne pas avoir le droit de l’amender. A la lecture du rapport de majorité, il semble que les commissaires n’ont fait que poser quelques questions au recteur avant d’approuver l’adoption du plan tel quel. Un petit amendement est proposé en plénum et c’est le chaos immédiat. Certains n’ont pas préparé la séance et s’insurgent d’être ainsi «pris de court» par leur faute. D’autres se demandent si le législateur peut bien légiférer sur l’Uni ou si elle est au-dessus du Grand Conseil. S’ensuit une heure de débat: faut-il ou non donner une deuxième chance aux commissaires ayant méconnu leur compétence? Celui-ci se termine heureusement alors qu’approche l’heure de la galette des rois du Grand Conseil, et le projet est renvoyé en commission. On recommencera l’exercice dans quelques mois.

En mars dernier, Michel Huissoud et Daniel Graf lançaient une initiative pour une révision totale de la Constitution fédérale, qui n’a pas fait grand bruit et qui a échoué au stade de la récolte de signatures. Le point commun de ces deux échecs? L’absence dans les textes de mots-clés. Les deux militants ont voulu chambouler la Constitution fédérale car le mot internet n’y figure pas. Le pataquès du Grand Conseil est dû à l’absence du terme intelligence artificielle aux côtés de numérique dans le plan stratégique. La situation est tellement absurde que l’on pourrait croire qu’il s’agit d’un gag. Mais non, notre politique avance bel et bien selon les caprices de boomers qui veulent voir apparaître dans les documents officiels les mots-clés à la mode qu’ils ont entendus au télé-journal. IA, numérisation, environnement, diversité et inclusion, bingo! la loi peut passer, sans considération sur les programmes déjà existants et les enjeux réels.

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