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L’ultimatum de François Cherix

Jean-François Cavin
La Nation n° 1925 7 octobre 2011
L’Hebdo, qui gonfle chaque semaine les baudruches du moment, a présenté complaisamment, dans son édition du 22 septembre, l’opuscule bilingue, intitulé en français La Suisse ou la peur, rédigé par les deux intellos dans le vent de la gauche vaudoise, MM. Roger Nordmann et François Cherix, présentés comme «deux précurseurs». Pour faire bon poids, trois pleines pages sont encore offertes à M. Cherix pour publier une Lettre d’un Romand aux Alémaniques.

L’auteur y décrit avec une certaine pertinence les rapports entre les Alémaniques dominants et les Romands, peu écoutés, mais pas révoltés pour autant; plutôt dociles et complexés, ces secundos de 1848 qui se sont accolés à la vraie Suisse historique, celle de l’Alémanie, des montagnes et des rivières du nord. Mais si les rapports sont si délicats et frustrants, si les mentalités sont si différentes, ne faudrait-il pas plaider pour une Confédération aux pouvoirs limités aux domaines où l’union est, non pas éventuellement opportune, mais rigoureusement nécessaire? M. Cherix n’aborde même pas la question du fédéralisme, sinon pour dire qu’il convient de le rénover, sans préciser comment.

Car la grande idée, c’est tout autre chose: une révision totale de la Constitution fédérale, plus hardie que celle de 1999, afin de franchir un nouveau seuil qualitatif. On y prévoirait l’élection du Conseil fédéral au scrutin de liste, pour améliorer son homogénéité et pour que cette équipe gouvernementale puisse penser l’avenir, produire du sens et des visions (mais, outre le charabia, cette proposition déjà vingt fois présentée est substantiellement incompatible avec la démocratie directe et d’ailleurs avec la complexité de la Confédération). On instaurerait le contrôle de la conformité des initiatives populaires avec l’ensemble des «droits humains», pas seulement avec les rares règles du droit international impératif (il y aurait donc des normes constitutionnelles d’un rang supérieur à d’autres, vieille idée régulièrement écartée pour de bons motifs). On y traiterait encore du financement des partis, du travail des Chambres fédérales et d’une série d’autres problèmes identifiés depuis belle lurette. Voilà donc les vieilles lunes de nos précurseurs.

Il va sans dire que la proposition d’une révision totale de la Constitution fédérale n’a guère de chances d’être reprise par des forces politiques importantes, malgré un appel poignant de M. Cherix aux Alémaniques dont tout dépend: Qu’en pensez-vous, chers compatriotes? Etes-vous prêts à examiner cette idée? Voyez comme je suis sage! Je n’imagine pas un acte de rébellion; je vous interroge; je sais que c’est vous qui commandez. Et si la réponse est non? Alors M. Cherix brandit la menace suprême: J’abandonnerais mes dernières espérances citoyennes, pour devenir, avec chagrin, mais sans regret, un étranger. La politique suisse sans Cherix? Quel choc. Le pays s’en remettra-t-il? Peut-être. Mais L’Hebdo?

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