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Le shootoir à Oscar

Guy Delacrétaz
La Nation n° 1996 27 juin 2014

La lutte contre les excès de vitesse ou la conduite en état d’ébriété est permanente. Les contrevenants sont sévèrement punis et malheur au récidiviste. Cela n’empêche pas que de nombreux conducteurs continuent de se mal comporter sur les routes. Il ne viendrait pourtant à l’idée de personne d’en conclure qu’en dépit des importants moyens de prévention mis en œuvre, «la politique de répression ayant échoué», il convient maintenant de libéraliser la consommation d’alcool au volant, ou de supprimer toute limitation de vitesse. Bien au contraire, la sagesse populaire irait plutôt dans le sens d’un durcissement des sanctions et d’une application sans faille des dispositions pénales.

Idem pour les cambriolages dont la fréquence ne cesse de croître ou pour les infractions à la loi sur le stationnement.

Ce raisonnement de simple bon sens n’est apparemment pas applicable à la lutte contre les stupéfiants. Une commission bidon usurpant un statut de «commission de l’ONU» affirme haut et fort que «la politique du tout-répressif ayant échoué dans la lutte contre les stupéfiants, il convient donc d’essayer autre chose et d’en libéraliser totalement la vente et la consommation». Inutile de dire que Mme Ruth Dreifuss y trône aux côtés d’intervenants aussi divers que Kofi Annan, un peu fatigué, le milliardaire Richard Branson, qui s’achète une virginité morale, d’anciens présidents de la Colombie (!), etc. La presse s’est longuement étendue sur ce rapport et en a soutenu les thèses alors que même l’ONU avait pris ses distances… fait auquel la grande presse n’a pas donné grande importance.

Dans la foulée de cette vaste opération de relations publiques des cartels internationaux de la drogue, un conseiller municipal d’une petite bourgade du bord du lac Léman, Lausanne, constate l’échec de la politique municipale en matière de drogues et en profite pour annoncer sa volonté d’ouvrir un local d’injection, passant outre le rejet populaire de 2008.

Il faut quand même bien chercher à Lausanne les signes d’une approche «tout-répressif» dans la lutte contre le trafic de drogues… Disons en tous cas qu’elle ne saute pas aux yeux. Hormis quelques soubresauts à usage électoral, annoncés à grands renforts de médias et d’arrestations aussi spectaculaires que sans lendemain, la politique lausannoise s’apparente plutôt à celle du «se taire et laisser faire».

M. Grégoire Junod serait bien avisé de remettre à l’ordre son camarade Oscar et de faire passer la volonté de ses administrés avant l’angélique idéologie socialiste. Ça pourrait lui servir dans sa course à la syndicature. Dans tous les cas, il faut se battre pour que le rapport tendancieux de Mme Dreifuss et consorts ne puisse servir d’argument à la construction d’un shootoir lausannois.

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