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Une nouvelle étape majeure, un essor magnifique

Jean-Jacques Rapin
La Nation n° 1996 27 juin 2014

La musique porte les aspirations, les espoirs, les doutes ou les certitudes de la communauté humaine avec plus de force qu’aucun autre art.

5 avril 1990, la rue de la Grotte est en fête. On inaugure le beau bâtiment des anciennes Galeries du Commerce transformé, qui abritera désormais le Conservatoire de Lausanne. La conjonction des efforts a permis ce que l’on croyait avoir perdu: la relation profonde de toute une communauté avec le lieu chargé de garder vivante sa relation avec la musique. La beauté de l’endroit, le niveau de son enseignement, de son environnement culturel et de son équipement instrumental y favoriseront la qualité de vie, tandis que les relations du Conservatoire avec les institutions sœurs – suisses ou étrangères –, avec l’Université et avec le public mélomane ne feront qu’asseoir son autorité, avec une spécificité importante, à peu près unique en Suisse: le Conservatoire de Lausanne coiffe aussi bien la section non professionnelle que la filière professionnelle.

Ces bases solides laissaient bien augurer de l’avenir et elles ont confirmé leur justesse et leur fécondité, d’autant plus que le Conservatoire a eu à se développer et à s’adapter à de nouvelles conditions, très éloignées de tout ce que l’on pouvait imaginer au départ, en 1990. Qu’on en juge à la lecture de la simple chronologie suivante.

En 2006, la Fondation du Conservatoire ouvre son département de l’enseignement professionnel du jazz. Fin 2008, le Conservatoire devenu la HEMU (Haute Ecole de Musique), à l’égal des grands conservatoires suisses, est chargé d’intégrer les sites désormais décentralisés des Conservatoires de Sion et de Fribourg, pour former désormais l’HEMU Vaud Fribourg Valais. Dès lors, comme une partie des cours se donne à Lausanne, les locaux d’enseignement, les salles de concert et les bureaux de l’administration de la rue de la Grotte sont devenus insuffisants. Le bâtiment n’étant pas extensible et le nombre d’étudiants ayant passé de 250 à 500 en deux ans, dès 2009, la recherche d’une nouvelle solution se révèle indispensable.

Mais où aller? C’est à Pierre Wavre, directeur jusqu’en 2010, que l’on doit l’idée du Flon et c’est son successeur Hervé Klopfenstein qui la concrétisera et la mènera à chef. Au départ, on trouve une idée originale, «la HEMU au cœur du Flon», en réalité un projet fort audacieux, puisqu’il s’agit d’un projet immobilier basé sur un montage financier réunissant l’Etat de Vaud et des intérêts privés. En trois ans, il réussit le tour de force de construire deux magnifiques bâtiments, «Flon 2» et «Flon 3», à même d’abriter, outre les espaces propres à l’enseignement du jazz et des locaux administratifs, deux salles de concert, l’une de trois cents places, l’autre de septante, cette dernière portant le nom de Carl Schuricht, en souvenir de l’illustre chef d’orchestre. A relever le défi acoustique d’une telle réalisation, puisque ces deux salles ont été aménagées de façon à ce qu’elles puissent recevoir de la musique de jazz (avec parois absorbantes) aussi bien que de la musique classique (donc avec parois réfléchissantes).

Ainsi, en une génération, de 1990 à 2014 (car «Flon 2 et 3» ont été inaugurés le 13 juin dernier), la HEMU – Conservatoire de Lausanne vient de vivre une étape majeure. Elle ne renie pas ses racines de la rue de la Grotte, mais elle manifeste son essor et son dynamisme en créant cette «forme de tête de pont dans le tumulte vivifiant de la ville, défi à la fois urbanistique, architectural, acoustique et financier» (Antonin Scherrer). «Il ne faut pas considérer cette construction comme étant une rupture dans notre histoire. Elle s’inscrit dans une évolution naturelle de notre institution.» En cela, elle fait sienne «l’ambition de cultiver la musique vivante, tout en abattant ses frontières.» (Hervé Klopfenstein)

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