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Actualités  |  Mardi 1er juillet 2014

Faut-il distinguer l'islam modéré et l'islam radical?

On a pris l'habitude de distinguer l'islam modéré et l'islam radical. L'islam modéré prend une distance critique à l'égard du Coran, notamment quant au statut des femmes, au traitement des non-musulmans et aux liberté individuelles. Il s'agit au fond d'un islam à l'occidentale, limitant la religion à la sphère privée, égalitaire, compassionnel et tolérant.

A l'inverse, l'islam radical est un islam légaliste qui respecte le Coran à la lettre. Polygames, bâtonnant les femmes infidèles, coupant les mains, voire les pieds des voleurs, condamnant à mort les apostats, les musulmans radicaux brûlent d'imposer la loi coranique aux infidèles du monde entier et d'en faire, par la parole ou par la force, une «terre d'islam».

Les associations musulmanes qui demandent à être reconnues par les autorités suisses se réclament évidemment de l'islam modéré.

S'agissant de religion, le sens du qualificatif «modéré» n'est toutefois pas évident. Si «modéré» signifie que le croyant se retient d'aller jusqu'au bout des exigences de sa foi, quels sont alors ses critères de modération, quelles sont les références qui justifient ses réserves? Sa conscience morale? Mais la conscience du croyant lui permet de juger s'il agit conformément à sa religion dans telle situation concrète; elle ne lui permet pas de juger le contenu même de cette religion. Les droits de l'homme? Cette création tardive de l'Occident est contraire au Coran sur des points essentiels.

Le soussigné serait navré qu'on le traite de «chrétien modéré». Jésus-Christ, le modèle des chrétiens, ne fait pas preuve de modération quand il enjoint Pierre de pardonner non pas sept fois, mais «septante fois sept fois» (Matt. 18: 22), par exemple, ou quand il affirme que «quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur» (Matt. 5: 28). Ce Messie qui accepte le supplice de la croix pour donner sa vie en rançon de plusieurs, qui nous appelle à la perfection et «vomit les tièdes» (Apoc. 3:16) est au contraire un chrétien radical.

En réalité, la modération dans la foi mesure la faiblesse spirituelle du croyant, sa lâcheté morale, son manque d'énergie et de lucidité. Le chrétien modéré est un croyant médiocre, qui se satisfait de croire un peu, d'être un peu fidèle, un peu parfait.

Il n'en va pas différemment du musulman. A lire le Coran, il saute aux yeux qu'Allah lui aussi vomit les tièdes. Plus encore, presque, car, dans le Coran, la pratique religieuse, la morale, les mœurs et la loi sont d'un seul tenant. Fusionnant énergiquement le spirituel et le temporel, le Coran ne laisse pas de place à une interprétation «modérée» au sens défini plus haut.

Dès lors, même si elles nous rassurent – nous désirons tant être rassurés –, les protestations de modération des associations musulmanes n'engagent qu'elles, et seulement pour le temps qui leur conviendra.

(Olivier Delacrétaz, 24 heures, 1er juillet 2014)