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Pour une meilleure répartition des riches

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2163 4 décembre 2020

La Suisse est un pays riche, mais les richesses y sont mal réparties. C’est du moins ce que les politiciens de gauche aiment à nous répéter. Les votations de dimanche dernier ont montré que ce n’était pas entièrement faux, mais que cela doit s’énoncer un peu différemment: la Suisse est un pays de riches, mais ces derniers y sont mal répartis.

Le succès de l’initiative «Entreprises responsables», qui a recueilli 50,7% de votes favorables dans la population, est en effet révélateur du nombre de personnes aisées qui vivent dans le pays. La corrélation est évidente pour qui a vu les nombreuses banderoles oranges du «OUI» accrochées à de belles villas, à des maisons cossues et à des résidences chic, beaucoup plus rarement sur des immeubles modestes et dans les quartiers populaires. Rien de surprenant: lorsqu’on gagne bien sa vie après avoir passé de nombreuses années sur les bancs de l’Université, on se fait plein d’idées préconçues sur le monde du travail et des entreprises, on ne connaît le Tiers-Monde qu’à travers les reportages télévisés et tout cela se mélange avec des utopies généreuses et un vague sentiment de culpabilité.

Approuvée par une moitié plus un chouïa de la population, l’initiative n’en a pas moins été refusée par une majorité d’Etats cantonaux. La défaite a un goût amer pour les Forces du Progrès, et certains retrouvent de vieux réflexes en accusant tout à la fois la Constitution, le fédéralisme, les cantons… Peut-être entendrons-nous parler de «victoire volée».

En attendant que M. Roger Nordmann réussisse à faire passer son idée que les petits pauvres doivent avoir moins de droits que les grands riches (il parle des cantons), posons le problème de manière un peu différente: La Suisse est un pays de riches, mais ces derniers, qui soutenaient visiblement l’initiative, étaient mal répartis entre les cantons. Il suffirait donc d’y remédier en redistribuant la population helvétique de manière systématique et scientifique. L’Office fédéral du développement territorial pourrait préparer un nouveau projet de péréquation qui ne viserait plus à équilibrer les moyens financiers entre les cantons, mais à égaliser le nombre de leurs contribuables aisés, de leurs bourgeois-bohèmes urbains et de leurs intellectuels progressistes. Autant de gens qu’on viendrait chercher en Suisse romande et qu’on emmènerait dans des camions, au petit matin, jusque dans les vallées arriérées de la Suisse alémanique – en même temps que nous recevrions sur les bords du Léman quelques charrettes de familles conservatrices schwyzoises ou appenzelloises. Voilà un projet stimulant pour dessiner la Suisse du futur, en gommant enfin les différences qui empoisonnent la vie des politiciens et des journalistes.

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