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Occident express 88

David Laufer
La Nation n° 2181 13 août 2021

Dans une nouvelle série d'articles, Le Monde publie une enquête en plusieurs parties intitulée: «Dans les Balkans, les gangs au cœur d'un système d'Etat.» Hormis le style, le contenu est exactement de ceux qu'on trouve dans les romans policiers de SAS, sans les scènes torrides hélas. C'est donc factuel avec une bonne dose d'approximations pour titiller l'imagination. Mais quand même, ça fait plus sérieux que les aventures de Son Altesse Sérénissime Malko Linge, surtout quand on sirote son entre-deux-mers au Café du Commerce sur l'île de Ré. Je gage néanmoins qu'il y a plus d'informations vraiment nouvelles dans un ouvrage aussi fade que «Danse macabre à Belgrade» que dans cette enquête du Monde, qui recycle des informations soit périmées, soit invérifiables. En effet, Gérard de Villiers, paix à ses cendres, était un obsédé sexuel qui a fait fortune en publiant avec des alias les rapports plus ou moins secrets que lui vendaient ses contacts parmi «les services». Même les titres se ressemblent dans l'intention, celui de SAS ayant l'avantage de la concision. N'affichant nulle autre ambition que celle de divertir, de Villiers produisait ses romans à la chaîne comme des barres chocolatées et savourait son statut d'éditeur le plus profitable de l'Hexagone, ravi, en plus, de damer le pion aux éditeurs dits sérieux. Le Monde, en revanche, semble tourner autour du pot. Le journaliste décrit le passé criminel de tel ministre et les liaisons plus que louches du président de la République avec des réseaux mafieux, mais sa publication en fait une série estivale, destinée par définition à divertir entre un plongeon et une sieste. Et puis le reporter et son journal se présentent en héritiers méritants de la haute tradition de l'enquête de terrain; mais le sujet même de l'enquête trahit une paresse intellectuelle qui, malheureusement, ne scandalise même plus. La convocation du mot Balkans dans le titre en est un bon indicateur. Cette appellation géographique englobe en effet, du point de vue politique et social, des pays qui n'ont strictement rien en commun, de la Slovénie à la Grèce en passant par la Serbie et l'Albanie. Ainsi Le Monde, et toute la presse institutionnelle de Paris à New York en passant par Genève, seraient inspirés de regrouper tous les articles concernant ces imaginaires Balkans sous une rubrique au titre digne, lui au moins, d'un roman de gare: «A l'Est, rien de nouveau.»

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