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Un jeune qui s’engage pour nos valeurs

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2280 30 mai 2025

Vous ne pouvez pas l’ignorer, car la presse en a abondamment parlé: un jeune militant d’extrême gauche, élu au Conseil communal de Lausanne, déjà connu de la justice pour avoir notamment bloqué des routes, souillé la façade d’une banque et appelé à la grève militaire, a été récemment condamné pour avoir volé des rideaux et des torchons chez Ikea, pour un montant de 612 fr. 90.

Vous avez certainement aussi entendu les nombreuses railleries que cette histoire suscite. Ce n’est pas très charitable de se moquer ainsi d’un voleur éthique, qui affirme s’être inspiré de Robin des Bois et avoir commis son larcin afin d’aménager un logement d’urgence pour des personnes précaires. Et l’urgence passe naturellement par de beaux rideaux: une rapide vérification sur le site internet du magasin nous apprend que le modèle Lönnstävmal, dont il est question ici, coûte 99 fr. 95 et que c’est le prix le plus élevé de l’assortiment.

Le voleur au grand cœur clame haut et fort que son geste était politique et qu’il l’assume pleinement. Qu’on soutienne ou non la cause, on se doit de respecter une personne qui assume ses actes. Ainsi, c’est pour assumer pleinement son geste que, lorsque des agents ont voulu l’arrêter à la sortie du magasin, il a détalé comme un lapin en abandonnant sur place les précieuses étoffes tant attendues par de pauvres sans-abri. C’est aussi pour assumer son geste que, lors de son audition, il a invoqué son droit au silence. Et pour assumer son geste jusqu’au bout, il s’est opposé à l’ordonnance pénale rendue par le procureur, espérant ainsi provoquer un procès public où il pourrait défendre haut et fort les raisons politiques de son geste; ensuite, il a retiré son opposition et renoncé au procès, pour s’épargner des frais.

Le jeune homme ne voit pas en quoi sa condamnation serait incompatible avec sa fonction d’élu communal, car «les citoyens veulent des gens qui s’engagent pour leurs valeurs». En l’occurrence, force est d’admettre que ses «valeurs» ne sont peut-être pas si éloignées des nôtres: la presse explique qu’après sa fuite il a été identifié grâce à des caméras de surveillance, non pas à la gare d’Allaman qui jouxte le centre commercial, ni dans un espace de location de vélos-cargos, mais au parking, où il a été filmé montant dans une voiture!

L’histoire ne le dit pas, mais il avait sans doute demandé à ses camarades de ne pas bloquer l’entrée de l’autoroute ce jour-là.

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