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Triez!

Ernest JominiRevue de presse
La Nation n° 1958 11 janvier 2013

La récente introduction de la «taxe au sac», pour inciter les Vaudois au tri méticuleux de leurs ordures, a inspiré ces lignes à Mme Isabelle Falconnier («Ne partons pas fâchés», L’Hebdo du 3 janvier):

[…] Montre-moi ta poubelle, je te dirai qui tu es: le diktat écologique est devenu la plus belle invention de l’homme, et la preuve que l’objet de la philosophie, que l’on pensait jusqu’à peu être le sens de la vie, a changé de visage.

[…] Nous avons développé une culture de la poubelle la plus avancée que notre espèce ait jamais connue. Après Neuchâtel et Fribourg, le canton de Vaud passe à la taxe au sac dans un exercice d’une sophistication fascinante.

[…] Ainsi la commune de Lutry a assermenté des employés de la voirie qui sont habilités à fouiller les sacs suspectés de parvenir d’autres localités et pourront dénoncer les fraudes à la police. Ainsi, Prangins installe des containers valant 12000 francs pièce munis d’un système électronique qui fonctionne avec une carte à puce individuelle permettant d’établir le volume précis des déchets déposés par un utilisateur et de lui envoyer une facture mensuelle en conséquence.

Je suis admirative. Kant a passé sa vie à disséquer l’idéalisme transcendantal, Sartre l’existentialisme, Hegel la phénoménologie de l’esprit. Nous, nos politiciens, nos fonctionnaires, passons nos heures de bureau réglementaires et supplémentaires à nourrir les subtilités de la taxe au sac.

Je me demande sincèrement ce qui vaut mieux. Parce qu’enfin, avec les poubelles, on s’attaque enfin aux vrais problèmes. La couche d’ozone, la pollution, l’avenir de l’espèce humaine, c’est du concret, pas de la branlette cérébrale comme la métaphysique en produit depuis Platon. […]

Notre voisine nous a fait remarquer la subtilité du tri d’un sachet de «Thé Infré»: le thé et, par indulgence municipale spéciale, le papier qui l’entoure: dans le bidon vert pour le compost; l’étiquette «Thé Infré» au container pour le papier; le fil reliant le sachet à l’étiquette au container textile; et les deux petites agrafes en fer seront conservées et remise à la déchetterie mobile qui vient siéger une fois par mois dans le quartier. Les prescriptions du Carême d’antan étaient limitées dans le temps et simples, comparées aux injonctions permanentes et subtiles de la religion écolo. A croire qu’il est plus facile de sauver son âme que de sauver notre planète.

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