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Séminaire de la Ligue vaudoise: soirée conclusive

Lionel Hort
La Nation n° 1965 19 avril 2013

Lors de la troisième et dernière soirée du Séminaire de la Ligue vaudoise, le colonel EMG Félix Stoffel a présenté les missions de la défense aérienne suisse avant de passer la parole au colonel EMG Mathias Tuscher pour une synthèse des débats et un rappel des enjeux de la votation sur l’initiative du Groupement pour une Suisse sans armée (GSsA).

L’actualité fédérale est marquée depuis plusieurs mois par les discussions autour de l’achat d’un nouvel avion de combat et le choix du chasseur suédois Gripen. Mais sait-on vraiment quelles sont les missions de la défense aérienne suisse? Le colonel Stoffel a utilement rappelé les buts assignés à l’armée de l’air, à savoir la souveraineté de l’espace aérien, la police aérienne, les transports aériens pour le compte de l’armée et l’acquisition de renseignements.

En Suisse, la sécurité dans le domaine terrestre est assurée, sauf circonstances extraordinaires, par les autorités civiles cantonales. Il en va différemment dans l’espace aérien où, même en temps de paix, ce sont les forces militaires qui ont la responsabilité de la sécurité.

Actuellement, ces missions sont assurées par une flotte de trente-trois F/A-18 Hornet et de cinquante-quatre F-5 Tiger vieillissants, destinés à être progressivement remplacés par les fameux chasseurs Gripen. Le colonel Stoffel a expliqué que, même sans envisager l’hypothèse d’un conflit ouvert, l’engagement accru d’avions de combat nécessiterait une flotte nettement plus importante que les effectifs prévus dans les différents programmes d’acquisition actuellement discutés. En cas de tensions internationales par exemple, la capacité de maintenir en vol ou en alerte deux patrouilles aériennes au lieu d’une seule ne serait possible que durant un nombre limité de semaines en raison de l’usure rapide de ces systèmes d’armes sophistiqués.

Suite à l’exposé très documenté de son collègue, le colonel EMG Mathias Tuscher s’est livré à un exercice de synthèse des trois soirs du séminaire. Sous le titre «Et maintenant?», il a commencé par rappeler l’environnement actuel de la Suisse. Si les rapports avec les pays voisins excluent aujourd’hui pratiquement le risque de guerre, cela n’empêche pas deux visions distinctes de la notion de défense armée de s’opposer. La première est consciente qu’à travers l’histoire, la paix n’est jamais acquise. La seconde est idéaliste et évacue la possibilité d’un conflit belliqueux de son champ de vision. Depuis la chute du Mur de Berlin en 1989, c’est cette deuxième approche qui domine le paysage idéologique en Europe. Ainsi, le Vieux Continent est le seul ensemble politique qui démilitarise de façon accélérée alors que les grandes puissances et les pays émergents augmentent rapidement leurs budgets militaires. En Suisse aussi, l’effort de défense nationale paraît modeste, voir insuffisant, puisque que le budget consacré à l’effort de défense ne représente qu’environ 2% du produit intérieur brut. Le Département fédéral de la défense est le seul qui ait vu depuis de nombreuses années ses dépenses régulièrement réduites.

Le colonel Tuscher a rappelé l’enjeu du maintien d’une armée de milice. Un «oui» à l’initiative du GSsA l’automne prochain aurait des conséquences considérables sur le niveau de sécurité de la Confédération. La professionnalisation de l’armée supprimerait le caractère populaire de l’armée de milice et conduirait à un amoindrissement des rapports entre les citoyens-soldats et le monde politique. Il affaiblirait aussi le lien confédéral rendu possible par le service obligatoire.

Le conférencier observe en outre que le passage à une armée professionnelle correspond généralement à l’entrée du pays au sein d’une alliance militaire. Tel a été le cas d’une grande partie des États de l’ancien Pacte de Varsovie, qui ont rejoint l’OTAN. Pour la Suisse, pays ayant proclamé sa neutralité perpétuelle, une telle option ne paraît ni souhaitable, ni envisageable.

L’abandon de l’obligation de servir et la probable professionnalisation de l’armée qui s’ensuivrait seraient définitifs. Ils entraîneraient une réduction des forces de défense à un niveau irréversible. Le colonel Tuscher a conclu son exposé en soulignant l’illusion que constitue le concept de «montée en puissance». Même en cas d’identification précoce d’une menace sur la sécurité de la Confédération, rien n’indique que les conditions – morales, politiques, financières, techniques et matérielles – seraient réunies pour reconstituer en quelques années un instrument de défense adapté. Les soi-disant «dividendes de la paix» ne s’encaissent qu’une fois et il n’y a plus de retour en arrière possible.

La décision de conserver une défense armée capable d’assurer la sécurité collective se prend donc maintenant et, par conséquent, nous voterons et ferons voter NON à l’initiative du GSsA.

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