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Comment vendre un shootoir aux Lausannois qui n’en veulent pas

Cédric Cossy
La Nation n° 1997 11 juillet 2014

Faisant de l’ordre dans nos paperasses rédactionnelles, nous sommes tombés sur des coupures de Lausanne Cité du 5 juin 2013. L’éditorial de Philippe Kottelat s’intitulant «La Riponne, zone de non-droit» commentait la disparition du Distribus sur la place, deux mois à peine après le renforcement des contrôles policiers dans le périmètre:

[…] Cette «permanence» mobile destinée à approvisionner les toxicomanes en seringues n’a plus droit de cité au centre de Lausanne. Pourquoi? Tout simplement parce que la distribution sur place était devenue impossible en raison des menaces répétées proférées par les dealers qui sévissent quotidiennement à cet endroit.

[…] Lausanne-centre, zone de non-droit! La goutte qui fait déborder le vase.

Car la problématique n’est pas nouvelle. Ce qui se passe à la Riponne est régulièrement dénoncé par des citoyens exaspérés et des commerçants au bord de la crise de nerf. […]

Le thème est développé dans un reportage en pages centrales, dans lequel le conseiller communal PLR Matthieu Blanc exprimait son avis:

[…] On constate une présence accrue de la police au niveau de la Riponne, observe-t-il. Mais il est clair que l’efficacité n’est pas au rendez-vous […]. Même s’il n’y a pas de solution idéale, c’est plus du côté des services de M. Tosato que de ceux de M. Junod qu’il faut se tourner. Et je me demande s’il ne faudrait pas se montrer plus incisif et inciter plus fortement les consommateurs à se rendre dans des lieux d’accueil pour les toxicomanes qui, aujourd’hui, ne remplissent pas leur rôle.

Interrogé lui aussi sur la question, M. Tosato se montre «compréhensif» face à l’irritation des commerçants et précise que […] la Municipalité s’est engagée à poursuivre les dealers et elle le fait, y compris à la Riponne. Aux personnes toxicodépendantes, elle tend la main, elle leur donne les moyens de réduire les risques liés à leur consommation et elle les oriente vers les institutions qui peuvent les aider à surmonter leur dépendance. Le centre d’accueil Le Passage de la Fondation ABS remplit pleinement son rôle. Et une autre structure avec tolérance à l’alcool sera ouverte dans quelques mois. D’autres lieux à ouvrir dans l’agglomération et sur tout le canton sont encore nécessaires.

La dernière Nation l’a dit, M. Tosato demande ouvertement un lieu d’injection officiel dans la capitale, ceci envers et contre l’avis exprimé dans les urnes par les Lausannois. A la relecture de Lausanne Cité, nous concluons à la tactique suivante de la Municipalité rose-verte:

1. Cent fois sur le métier remets l’ouvrage: la conscience populaire se travaille.

2. Lancement d’une action policière dont l’effet médiatique prime sur celui de terrain.

3. Cette absence d’effet provoque la fuite des derniers travailleurs sociaux présents sur le terrain.

4. Quelques adversaires de droite peu perspicaces concluent à l’échec de l’action répressive et réclament des mesures plus sociales (pourvu que les toxicos dégagent du centre-ville et ne dérangent plus les commerçants dans leurs activités!).

5. Il reste au Municipal socialiste en charge à jouer à la fois la fermeté (maintien des mesures policières qui n’ont pas eu d’effet) et la tradition d’accueil (ouverture de quelques soûloirs et shootoirs supplémentaires).

Les résultats se laissent voir aujourd’hui dans le quartier de la Borde.

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