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Le Congrès de Vienne

Vincent Paschoud
La Nation n° 2013 6 mars 2015

A l’occasion du bicentenaire du Congrès de Vienne, un colloque, organisé par la Société vaudoise d’histoire et d’archéologie, s’est tenu du 27 au 29 novembre 2014, faisant appel à des intervenants de tous horizons, parmi lesquels MM. Meuwly, Andrey, Auberson et Langendorf, qui sont bien connus de nos lecteurs.

La séance a été ouverte par le président du Conseil d’Etat Pierre-Yves Maillard qui, après avoir déclaré qu’il était mal d’instrumentaliser l’histoire, a tout de même donné son interprétation de l’événement, incitant, d’une certaine manière, à voter contre la primauté du droit interne (voir l’initiative lancée par l’UDC pour qu’en cas de conflits de normes le droit international ne soit plus au-dessus du droit suisse).

Toutes les interventions ne peuvent être résumées ici, mais le colloque fut l’occasion de retracer les grandes lignes de l’histoire, vaudoise et internationale, de parler des acteurs principaux, de leurs buts puis des événements eux-mêmes, leurs conséquences pour le Canton de Vaud, et plus encore.

Avant d’en arriver au Congrès de Vienne lui-même, il faut revenir sur les événements antérieurs. En 1798, la République Helvétique est instaurée par le Directoire mais, dès 1800, les problèmes s’enchaînent. Le 24 avril 1803, l’Acte de Médiation est proclamé par Bonaparte, la Suisse est de nouveau une confédération et Vaud acquiert le statut de canton à part entière. Plus tard, Napoléon doit abdiquer, vaincu par une forte coalition.

Le traité de paix de Paris est signé en 1814, mais tout n’est pas réglé. Les grandes puissances aspirent à une paix durable en Europe et organisent un immense congrès à Vienne. Cinq cents diplomates sont présents.

Cependant, Napoléon revient au pouvoir (les Cent-Jours) et le congrès se précipite. La neutralité suisse est confirmée, la Confédération sert d’Etat tampon, au cas où la France attaquerait un jour ses voisins. C’est aussi pour cela que Genève, le Valais et Neuchâtel ont été intégrés à la Confédération. La Suisse ne peut plus fournir de mercenaires, sauf au Pape.

Vaud et Argovie voient leur indépendance confirmée et, en guise de compensation, Berne reçoit le Jura. Pour le Pays de Vaud, toutes les batailles ne sont pas gagnées. La Grande-Bretagne ne paiera jamais sa dette (un fonds placé mais jamais rendu); il faut dédommager Berne pour ses «bienfaits» antérieurs; des compromis institutionnels sont aussi accordés: le mode d’élection est jugé trop démocratique, il faut un cens électoral, rallonger la durée des mandats, des aristocrates doivent être dans le gouvernement. La Constitution vaudoise est modifiée, mais satisfait à peine les vainqueurs et sera changée en 1830 avec la révolution libérale. Elle est dès le début contestée avec force; des opposants rempliront les prisons.

Lors du Congrès, la France, malgré son statut de paria, s’assoit avec les vainqueurs, à présent divisés et à la recherche de leurs intérêts propres. Elle aimerait restaurer l’Ancien Régime en Suisse car une Berne forte lui serait plus utile. Elles travaillaient de concert par le passé et ce sont deux puissances conservatrices.

Le tsar Alexandre Ier, son diplomate Capo d’Istria, La Harpe et Monod sont les principaux acteurs parlant en faveur du Canton de Vaud durant le Congrès. Le tsar, outre ses sentiments favorables pour La Harpe (son précepteur, ami et conseiller), préfère voir la France entravée par la neutralité suisse plutôt qu’alliée à une Berne puissante. La Harpe et Monod veulent simplement l’autonomie de leur Pays et sa reconnaissance comme membre de la Confédération. L’Autriche, de son côté, n’est pas favorable à l’indépendance du Canton de Vaud. Les Suisses sont divisés: Berne, notamment, se bat pour la Restauration et n’est pas seule. La Diète se divise en deux.

Pour conclure, le Pays de Vaud pouvait craindre de retourner sous la férule bernoise après la chute de Napoléon, mais d’acharnés défenseurs ont permis de l’empêcher, non sans faire des concessions. Le colloque s’interrogeait entre autres sur le statut du Pays de Vaud à cause de l’hostilité des vainqueurs envers Bonaparte et des relations avec Berne. Ces questions ont trouvé des réponses. Le sujet n’est pas clos pour autant: moult personnes ont eu leur importance durant le congrès (Jomini, Mousson, etc.) et les discussions de l’époque entre les cantons ont leur intérêt.

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