La vérité expliquée aux enfants
Dans des procédures pénales, il arrive que le témoignage d’un enfant soit une preuve d’une importance cruciale, notamment si l’enfant est le seul à avoir assisté à la commission d’une infraction. On pense tout particulièrement aux cas de maltraitances commises sur des enfants.
Dans ces cas, l’enfant est entendu selon des règles particulières: un policier spécialement formé procède à l’audition, celle-ci est filmée. On appelle ce type d’audition EVIG, de l’acronyme Enfants Victimes d’Infractions Graves.
La difficulté d’une telle audition réside dans le fait que l’enfant n’a pas le même rapport à la vérité que l’adulte. Pour garantir autant que possible la vérité de sa parole, on ne peut pas simplement le mettre en garde en lui exposant les peines prévues pour la dénonciation calomnieuse. Si l’on pose des questions directes à un enfant, il est très probable que l’enfant cherche à donner la réponse qui satisfera l’adulte, non celle qui est vraie.
Le policier qui interroge l’enfant lui pose des questions très ouvertes, du type «raconte-moi ce que tu as fait dimanche passé» ou «que s’est-il passé à ce moment avec Kevin?». Quand l’enfant en vient aux faits pertinents pour la procédure pénale, le policier lui dit souvent «raconte-moi tous les détails» ou «dis m’en plus là-dessus».
Dans une audition EVIG récente, le policier commençait par une mise au point avec l’enfant. Il lui expliquait l’importance que toutes les réponses données soient vraies. Pour être certain que l’enfant avait compris ce que signifie la vérité, il prenait un exemple simple en lui demandant: «Si je te dis que tu es assis maintenant, c’est vrai ou non?» puis, devant la timidité de l’enfant, répondait lui-même: «Oui, c’est vrai, car ça correspond à quelque chose de réel.» Puis: «Si je te dis qu’il fait jour maintenant, c’est vrai ou non?» L’enfant, trop content d’avoir compris la combine, répondait par l’affirmative.
Cette leçon de vérité avait quelque chose de très rafraîchissant. Elle rappelait que la vérité n’est pas seulement un concept philosophique mais aussi une question de bon sens et d’honnêteté qui nécessite simplement un brin d’éducation.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Jeunes et traditionnels, festifs et sérieux – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Le mot de la fin – Ernest Jomini
- D’Ernest Ansermet à Jean-Jacques Langendorf – Jean-Jacques Rapin
- Le Congrès de Vienne – Vincent Paschoud
- La démocratie montre les crocs – Jacques Perrin
- On se prend à espérer – Ernest Jomini
- Anne Cuneo - la littérature romande en deuil – Charlotte Monnier
- Le Veilleur de nuit – Jean-Baptiste Bless
- Pire que l’obscurantisme, l’analphabétisme – Le Coin du Ronchon