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Actualités  |  Mardi 16 décembre 2014

Foi proclamée et respect d'autrui

Notre dernier  article, consacré au «besoin de vérité», a reçu deux réponses, l'une du pasteur Bernard Reymond, protestant libéral, l'autre de M. Pascal Gemperli, président et animateur de l'Union vaudoise des associations musulmanes. L'article s'adressait aux Eglises, c'est donc plutôt au pasteur que nous répondons.

M. Reymond craint qu'une affirmation trop marquée des incompatibilités entre le christianisme et l'islam ne transforme un débat pacifique en combat meurtrier. L'histoire des religions et de leurs difficiles relations montre que cette crainte n'est pas absurde. M. Reymond nous accordera toutefois que les «carnages» commis au nom de «certaines pages de l'ancien testament» comme il dit, sont contraires aux discours et à l'attitude constante du Christ.

La vérité révélée n'est pas coupable de ce que l'orgueil et la sottise des hommes lui font dire.

Cela dit, les critiques faites à l'Eglise ne doivent tout de même pas faire oublier ce qu'elle a apporté au monde. La distinction du temporel et du spirituel, qui est un peu sa marque de fabrique, fonde la contestation la plus radicale qui soit de la prétention du pouvoir politique à l'absolu. Cette distinction appelle aussi à ne pas confondre l'Eglise et l'Etat, ni la foi et la morale, ni la morale et la loi, ni la justice divine et le droit. Chacune de ces distinctions est porteuse de civilisation. N'oublions pas non plus son action dans les domaines scolaire, hospitalier et social! Apports partiels et précaires, peut-être, mais originaux et décisifs!

Pour M. Reymond, le chrétien doit garder en tête que les croyants sincères de toutes les religions prient le même Dieu. La formule est équivoque. Est-ce à dire que toutes les religions se valent, et que, si l'on veut la paix, c'est l'universalité qu'elles contiennent toutes peu ou prou qu'il faut promouvoir, plutôt que défendre obstinément telle religion particulière, forcément hérissée d'exigences et d'exclusions?

La question se pose avec acuité dans le dialogue interreligieux, très en vogue aujourd'hui. Ce dialogue peut être utile et permettre d'établir un modus vivendi entre les groupes religieux. Mais il implique, croyons-nous, que chaque interlocuteur reste fidèle à sa propre foi et débatte dans la perspective ultime de la conversion de son vis-à-vis.

En ce sens, est-ce que je respecte vraiment mon interlocuteur musulman en passant sous silence, par gain de paix, la revendication d'exclusivité du Christ: «Nul ne vient au Père que par moi» (Jean 14:6)? Au contraire: une conversion n'ayant de sens que si elle est libre, elle ne peut se décider qu'en complète connaissance de cause.

Quels qu'en soient les risques, on ne peut empêcher la question de la vérité de remonter à la surface.

(Olivier Delacrétaz, 24 heures, 16 décembre 2014)