Etrange aboutissement de Mai 68

Che Guevara et Marx sont utilisés aujourd’hui pour faire de la publicité pour une auto: c’est ce que nous apprenons en lisant l’article de M. François- Xavier Putallaz («Marx vaut bien une voiture», Le Nouvelliste du 10 décembre):

[…] Comment est-ce possible qu’on en vienne à récupérer les extrémistes dans la plus ultra-conformiste des pubs pour une voiture? […]

La génération de Mai 68, sous prétexte de révolte libertaire, a finalement favorisé le plus puissant individualisme de la jouissance que l’histoire ait connu. Qu’est devenue la pensée de gauche soixante-huitarde? Elle s’est muée en son contraire logique, puisqu’elle a servi l’idéal individualisant et consumériste: le «jouir sans entraves» s’est réalisé dans la consommation immédiate et effrénée. Sous couvert d’une critique de la société capitaliste, la pensée 68, se réclamant de Marx et du Che, n’a fait qu’y inciter comme jamais auparavant. Il n’y a donc aucun paradoxe à ce que les vendeurs d’une voiture (roumaine et créée en 1968!) paient le prix fort pour une page publicitaire, instrumentalisant les visages barbus les plus mythiques de la gauche révolutionnaire. […]

Pas étonnant aussi quand on sait qu’un grand nombre de soixante-huitards ont accompli les carrières les plus bourgeoises, avec tout ce que cela comporte de course aux places et au profit, tout en conservant dans leur langage un vernis soixante-huitard.