Stop aux spots!
Mais avant de proscrire l’anglais dans la publicité, il faut commencer par proscrire les fautes de français dans les textes de l’Etat de Vaud. Il est tout de même piquant de tomber dans la même Nation sur les perles orthographiques qui illustrent la nomination d’un directeur de gymnase. Et je souris à l’idée que l’on pourrait les retrouver dans le texte d’une loi proscrivant l’anglais dans la publicité!
L’exemple du Québec? Vraiment pas très convaincant. C’est de là-bas que nous est venue la fâcheuse et absurde manie, tout à fait contraire au génie de la langue française, d’ajouter un e pour prétendre féminiser les titres tels que pasteur, professeur, etc. Le français, faut-il le rappeler, ne connaît pas d’équivalent féminin des titres en eur terminé en eure. On a acteur et actrice, auteur et autrice (oui, c’est correct), directeur et directrice, etc… On a blanchisseur et blanchisseuse, vendangeur et vendangeuse ou docteur et doctoresse, etc., mais pas de pasteure. Si les Québécois protestent que le français est oublié aux jeux de Vancouver, ils seraient bien inspirés de parler eux-mêmes un français correct. D’ailleurs l’exemple du «stop» est particulièrement mal choisi: premièrement, en matière de circulation, il est impératif, du point de vue sécuritaire, d’admettre un code que n’importe qui, d’où qu’il vienne, puisse comprendre; en second lieu, le terme même de «stop», même s’il vient de l’anglais, est parfaitement admis en français et il est utilisé dans le sens que nous lui connaissons par les plus grands écrivains français, par exemple Maupassant. On peut gloser à l’infini sur la pureté d’une langue évaluée selon l’origine des mots, mais ça n’avance à rien. Chacun sait que tennis est un mot anglais… qui vient du français («tennez!»). S’il faut interdire le mot «stop», qui est français, à combien plus forte raison devrait-on interdire celui de «spot» qui ne l’est pas encore. Et le remplacer par quoi? Je suggère aux gens du Québec de lancer sur leurs chaînes de télévision une campagne de spots, titrée STOP AUX SPOTS!
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Jouer son rôle – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Camus fédéraliste – Jean-Blaise Rochat
- Parler à tort et à travers – Revue de presse, Ernest Jomini
- Fardeau fiscal – Revue de presse, Philippe Ramelet
- Idéologie et souveraineté cantonale – Revue de presse, Ernest Jomini
- Sans papiers sans travail – Olivier Klunge
- Notre patois – Jean-François Cavin
- Sous contrôle – Olivier Delacrétaz
- Beaucoup de trous, peu de murs – Le Coin du Ronchon