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Sous contrôle

Olivier Delacrétaz
La Nation n° 1883 26 février 2010
Quand les choses vont mal en matière de sécurité, les autorités tiennent un double langage. D’un côté, elles doivent bien reconnaître le problème, dire à la population qu’elles la comprennent, s’indigner contre les coupables. Mais à se contenter de ce discours, elles risquent fort de se faire accuser d’incompétence. Il leur faut donc aussi rassurer et faire passer le message que tout va très bien. Tout le monde a d’ailleurs tellement envie d’entendre ce discours que ce n’est pas très compliqué.

On apprend par la police qu’une bande d’environ quinze voyous de 14 à 17 ans commet des déprédations depuis des mois sur la Riviera: vandalisme à la gare, passages à tabac, incendie dans les toilettes publiques. On sait parfaitement qui ils sont, mais on ne peut pas faire grand chose: comme ils sont mineurs, on ne peut les mettre durablement hors d’état de nuire. Le commandant de la police, M. Michel Francey, déclare1: «On se réjouit qu’ils passent la barre des 18 ans, pour qu’ils obtiennent une réponse plus rude et concrète à leurs actions». Ça, c’est le discours «je vous ai compris».

Ensuite vient le discours «tout baigne». C’est M. Pierre-André Emery, «chargé de prévention», qui le tient: «La situation est sous contrôle» déclare-t-il à la population. Dormez en paix, bonnes gens: votre voiture brûle, votre magasin est vandalisé, la gare est squattée et taggée, vous êtes agressés… mais «sous contrôle», c’est l’essentiel.

 

NOTES:

1 24 heures du 11 février 2010.

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