Trèfle atout
Nos paysans fournissent bon an mal an environ 60% des calories que nous consommons; le reste est importé. Certains offices fédéraux, d’ailleurs soutenus par de brillants économistes, estiment qu’il faut réduire ce qu’ils nomment la surexploitation du sol. Il s’agit donc d’inciter les paysans à diminuer la production de viande et de lait. A cet effet, la future politique agricole actuellement en consultation (PA 2014- 2017) propose de supprimer tous les paiements directs en faveur du bétail. Il y aura bien sûr des aides pour faciliter la transition; mais le principe est posé.
La libéralisation du marché du lait a créé de nouvelles montagnes de beurre qui permettraient de couvrir nos tartines durant les trois prochaines décennies. Mais faut-il pour autant renoncer à produire du lait? Lorsque l’Etat relâche son étreinte et ses contraintes, les acteurs du marché, peu habitués à cette liberté retrouvée, se mettent à courir dans tous les sens comme les vaches qui retrouvent le pâturage après un hiver à l’étable. Il faut leur laisser le temps de s’habituer.
Si le projet fédéral passe, on pourra encore mieux appliquer le principe du Cassis-de-Dijon et il n’y aura plus d’obstacle à la signature d’un accord de libre-échange agricole avec l’Union européenne (ALEA). Le boeuf viendra d’Argentine, le lait de Normandie et le lard du Danemark.
Mais qui mangera le trèfle?
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Le salaire minimum – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Coquille révélatrice – Jean-François Cavin
- Lavaux, le patrimoine et la vie – Jean-François Cavin
- La mobilité: paralysie et goût de bouchon – Adrien Delafontaine
- Brèves remarques sur une décision de justice – Rédaction
- Bizarre! – Revue de presse, Ernest Jomini
- Tunis – Lampedusa – Chiasso – Revue de presse, Philippe Ramelet
- Roulez maintenant! – Jean-Michel Henny
- Un vrai choix pour l’école vaudoise: deuxième soirée – Yves Gerhard
- Lexique de la guerre en Libye – Le Coin du Ronchon