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A Tripoli, rien de nouveau

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 1915 20 mai 2011
Des lecteurs et des lectrices nous pressent de parler ici, encore et toujours, de la Libye. Peut-être est-ce l’occasion de préciser que nous ne sommes pas dans une émission de téléréalité, et encore moins dans une démocratie, et qu’il n’est donc pas question que les thèmes traités soient choisis par le public! Cela étant dit, nous sommes bien sûr disposé à satisfaire le désir des abonnés de parfaire leurs connaissances sur les pays exotiques. Mais que diable pourrions-nous écrire sur la Libye que nous n’ayons pas déjà écrit?

Une option serait de rappeler le titre officiel complet que s’est octroyé le chef de l’Etat libyen: «chef et guide de la Révolution de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste»; sûr que Kadhafi lui-même (dont Wikipedia nous révèle qu’on peut aussi l’écrire «Kadafi, Algathafi, al-Kadhafi, al-Gaddafi, Al Qadafi, Qadhafi, Gueddafi, Gheddafi, ou El-Gueddafi», ce qui explique sans doute pourquoi les forces de la coalition ont tant de peine à le trouver) n’arrive pas à le dire cinq fois de suite sans se tromper. Et avec cela, on a déjà rempli une certaine surface de la page, à la plus grande joie du rédacteur en chef.

Pour le reste, nous ne savons presque rien de ce qui se passe en Libye, car les médias ne nous en disent presque rien. Tout au plus nous signale-t-on de temps à autre qu’un bombardement a touché par inadvertance une résidence de Kadhafi, mais que l’on ignore l’état de santé de ce dernier. Avant le déclanchement des bombardements, personne ne se souciait de l’état de santé de Kadhafi; mais maintenant qu’on lui balance des bombes et des missiles depuis deux mois, tout le monde se demande s’il va bien, s’il est blessé, fatigué, s’il est malheureux de la mort d’un de ses fils et de trois de ses petits enfants. C’est touchant.

Nous n’avons pas de motif de nous intéresser ici aux éventuels bobos de notre vieil ennemi Mouammar. La seule chose qui compte est de savoir ce qui est préférable pour nous, entre un dictateur follo qui retient deux Suisses en otages chez lui pendant quelques mois, et un futur régime islamiste qui enverra chez nous des cohortes de bombes vivantes (enfin: vivantes jusqu’à leur arrivée…), tout en nous expliquant, comme l’a fait sans rire un imam à Neuchâtel, que l’exhortation à porter des ceintures d’explosifs relève d’une pure licence poétique. Nous avons quelques doutes, hélas, sur le droit qui pourrait nous être reconnu d’invoquer la licence poétique pour exprimer à ce monsieur le fond de notre pensée.

Dès lors que nous n’allons pas envoyer nos F/A-18 défendre le chef et guide de la Révolution de la Grande Jamahiriya machin chose, il ne nous reste donc plus qu’à nous préparer à cohabiter le moins mal possible avec ses successeurs. C’est peut-être pour leur faire plaisir que l’armée suisse a récemment décidé de maintenir dans ses rangs un officier converti à l’islam, membre du Conseil central islamique, qui se décrit lui-même comme un «idéologue extrémiste» et aurait déclaré qu'il ne condamnait pas la lapidation; l’homme sera «tenu à l'écart d'informations trop sensibles», mais il restera officier de l’armée suisse et conservera son arme! Dans le même ordre d’idée, on entend dire que la ville de Vevey envisagerait de répondre favorablement à une demande de prêt de deux millions de francs, remboursables sur trente-trois ans sans intérêts, afin de financer des travaux à la mosquée.

Vous vouliez que l’on vous parle de la Libye? Eh bien finalement on vous parle de la Suisse. C’est un peu la même chose.

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