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Des propos plus que nécessaires

Jean-Jacques Rapin
La Nation n° 1948 24 août 2012

Quelques extraits significatifs d’une publication récente: La Suisse n’est plus un pays sûr. A qui la faute? […] Nous devons exiger du pouvoir politique, à tous les échelons, qu’il fasse à nouveau de la Suisse un pays sûr, en particulier en supprimant la libre-circulation des personnes, et en rétablissant donc les contrôles aux frontières – on le fait bien dans les aéroports, et personne ne s’en plaint. Plutôt que de traquer la motte de beurre et le kilo de boeuf, fermons la porte aux criminels. Cela causera des bouchons? Cela fera hurler Bruxelles? So what? Le premier devoir des autorités politiques suisses est de répondre aux besoins de sécurité des Suisses. Tout le reste est subsidiaire.

Sur la même page:

Les uns fêtent, les autres paient: une centaine de policiers ont été mobilisés à Lausanne pour assurer la tranquillité du week-end. Bien. On peut toutefois s’interroger sur les coûts de ce genre d’opérations, qui après tout ne vise qu’à sécuriser les fêtards et à permettre aux patrons de boîtes de nuit de faire du chiffre d’affaires dans le calme. Et le contribuable, dans tout ça? Le silence meurt, assassiné: j’aime beaucoup cette phrase de Joseph Conrad dans Victory […]: «L’Orchestre Zangiacomo ne jouait pas de la musique; il assassinait tout simplement le silence, avec une énergie vulgaire et féroce.» Comme cela reste vrai. Le silence est à l’agonie, et les Zangiacomo sévissent plus que jamais ...

Plus loin:

L’insupportable réalisme d’Uli Maurer: si les ministres commencent à dire vraiment ce qu’ils pensent, où va-t-on? Uli Maurer, qui estime, comme neuf Suisses sur dix, que la Suisse n’a aucun intérêt à entrer dans l’Union européenne, s’est fait traîner dans la boue pour l’avoir dit […]. Au reste, le tollé provoqué par le ministre de la défense était attendu de la part de médias pétris de conformisme progressiste et inféodés à l’UE. Le contraire eût été surprenant.

En réalité, les réactions sont d’autant plus vives que le diagnostic posé, en manière de boutade, par Uli Maurer, hante tous les esprits […] L’hypothèse n’est pas absurde: l’UE est une construction trop bancale pour pouvoir subsister de la sorte . Ou bien elle doit devenir un Etat fédéral, ou bien elle doit éclater en un certain nombre de sous-unions, plus réalistes sur les plans économique et politique: vouloir mettre à la même table des pays riches et des pays pauvres témoigne d’un bel idéalisme, mais suscite des tensions insupportables, on le voit bien […]

Face à ces incertitudes très graves, il est évident que la Suisse doit garder la plus grande marge de manoeuvre face à l’UE, en particulier en refusant catégoriquement la reprise automatique du droit européen. Au demeurant, elle serait impossible: l’introduction de dispositions européennes nouvelles dans notre législation impliquerait obligatoirement une décision du parlement, voire du peuple en cas de referendum. A moins bien sûr qu’à l’avenir le Conseil fédéral gouverne par décrets, et que l’on supprime le droit de referendum ... Il faut s’attendre à tout.

Et enfin:

Les réseaux sociaux ne sont pas nos amis: les réseaux sociaux suscitent un engouement populaire et médiatique considérable. Ils font même l’objet d’une approche dévote et parfois sectaire – il faut en être ou pas, et ne pas les critiquer, sauf à passer pour un pithécanthrope ou un antisocial.

Or, à observer les gens qui nous entourent, on n’a pas vraiment l’impression que ces outils renforcent les liens sociaux; c’est même plutôt le contraire: ils favorisent manifestement l’isolement de l’individu. Celui-ci se replie bien au chaud dans une bulle technique et informatique, une bulle qu’il croit habitée par de nombreuses autres personnes mais où, en réalité, il est résolument seul.

En nous offrant la possibilité d’avoir des centaines d’«amis», ils nous dispensent de l’effort de forger de vraies amitiés. Pas besoin de faire des efforts, ou de se déplacer, d’affronter des divergences ou des crises: on surfe d’un ami à l’autre, sans se mouiller, on pose des informations ou des commentaires anodins, on clique sur «j’aime» ou «je n’aime pas», ce qui représente bien le degré zéro de la communication: même pas besoin d’argumenter, je prends ou je jette!

On doit s’interroger sur cette culture de l’anodin, de la communication sans importance, voire sans objet, lorsque la possibilité de communication devient sa propre finalité. Qui va lire ce fatras, ces milliards de téraoctets balancés dans l’espace chaque jour? Probablement personne. Et cela n’a pas d’importance: l’illusion d’être relié au monde entier se suffit à elle-même!

Ces propos roboratifs sont tirés de L’atout de juillet dernier. Ils sont signés Philippe Barraud, dont la plume infatigable et stimulante anime également son site internet commentaires.com pour nous offrir un antidote au régime du politiquement correct ambiant.

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