Les requins aussi ont besoin de vous
On se souvient que l’administration scolaire a édicté des directives détaillées quant aux animaux autorisés, tolérés ou interdits en classe. Parmi les catégories autorisées figurent les «poissons d’ornement», sans autre précision. Un doute nous taraude: les requins sont-ils des poissons d’ornement?
L’encyclopédie Wikipedia nous apprend que les requins «forment un super- ordre de poissons cartilagineux». Cela ne nous dit pas s’ils peuvent ou non servir d’ornement. Nous trouverions injuste que ce ne soit pas le cas – d’autant plus qu’amener un «super- ordre» en classe, ça ne serait pas forcément superflu.
Si nous nous intéressons à cette question, c’est qu’il nous semble utile de sensibiliser les élèves face aux discriminations, aux préjugés négatifs, aux remarques dégradantes et à l’exclusion sociale dont sont victimes les requins. On nous rétorquera sans doute que l’exclusion sociale n’est pas démontrée, dès lors qu’on en trouve dans la finance, dans l’immobilier, dans les conseils d’administration, et bien sûr en politique. Mais précisément, comment ne pas voir qu’il s’agit là d’idées préconçues, tout particulièrement chez les gens de gauche dont les schémas de pensée associent trop facilement les squales à l’agressivité et à la voracité? Pourquoi la gauche tolère-t-elle ces amalgames grossiers, indignes d’une société démocratique, républicaine et respectueuse des animaux? Pourquoi défend-elle les migrants, mais jamais les grands requins blancs?
La mauvaise réputation des requins est alimentée par quelques superproductions hollywoodiennes, mais elle résulte aussi d’une simple méconnaissance de ces bêtes intelligentes. On pourrait envisager de montrer davantage de gentils requins dans les livres… pardon: dans les dessins animés pour enfants. Mais le mieux serait d’organiser des rencontres réelles, des confrontations ludiques, une cohabitation étroite et fraternelle entre ces animaux et ceux qui mésemploient leur nom, juste pour qu’ils apprennent à se connaître… .
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Peurs – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Juvenilia CXXV – Jean-Blaise Rochat
- Un peuple innombrable – Cédric Cossy
- Modernes contre modernes – Jacques Perrin
- «Livres à vivre», festival d’auteurs à Crêt-Bérard – Rédaction
- Parlez-vous françaichhh? – Olivier Delacrétaz
- Médecins étrangers et moratoire sur l’ouverture des cabinets médicaux – Jean-François Luthi
- Huit conférences d’histoire vaudoise – Jean-François Cavin
- L‘EVL en concert – Frédéric Monnier
- Victimologie – Jacques Perrin
- A propos de la croissance économique – On nous écrit, Daniel Laufer