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Paternalisme automobile

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2041 1er avril 2016

Voir nos performances automobiles immortalisées par un radar n’est jamais très agréable, surtout lorsque le montant microscopique atteste que nous n’avons mis personne en danger et qu’il s’agit uniquement d’une mesure vexatoire. Soyons honnête: il est possible d’y échapper en respectant très précisément la vitesse prescrite – l’ennui de la lenteur étant alors compensé par la satisfaction de priver l’Etat de recettes supplémentaires.

Le problème est que, dans ce cas, on court le risque d’être confronté à une vexation bien plus exaspérante encore: celle de voir un de ces radars «préventifs» afficher votre (maigre) vitesse en y ajoutant un smiley radieux s’écriant: «Merci!», ou pire encore: «Bravo!», voire: «Super!». Il ne manque plus qu’une main paternaliste qui plongerait dans notre voiture pour nous caresser la tête! On se croirait à l’école primaire, lorsque la maîtresse colle des gommettes dans les carnets journaliers («Jeanjean a bien travaillé cette semaine, bravo!»), ou en Corée du Nord, où les portraits du Guide suprême sourient inlassablement aux passants qui s’inclinent devant eux («Vous êtes de braves camarades-citoyens, vous aurez peut-être un bol de riz le mois prochain!»).

Certains automobilistes tentent de détruire les radars qui les ont flashés. Nous, ce sont les smileys qui nous ont souri que nous voudrions massacrer.

Dans le même ordre d’idées, notre attention a été attirée par des panneaux indiquant: «Regardez avant de démarrer!» Voilà un conseil utile, auquel nous n’aurions jamais pensé si le Bureau de prévention des accidents n’avait pas entrepris de nous l’expliquer! Aura-t-on droit à un smiley chaque fois qu’on quitte une place de parc sans causer d’accident?

Vous verrez que les prochaines campagnes de prévention s’étaleront sur les trottoirs et nous diront: «Ouvrez les yeux quand vous marchez!» Et en première page de La Nation, on trouvera cet encadré: «Pensez à tourner les pages, mais arrêtez-vous à la dernière!»

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