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Bertil Galland, vagabond des savoirs

Yves Gerhard
La Nation n° 2214 18 novembre 2022

La collection «Savoir suisse» vient de fêter ses vingt ans et consacre son 163e numéro à son fondateur, notre ami Bertil Galland. Probablement que tous les lecteurs de ce journal connaissent peu ou prou le journaliste et éditeur, qui y a écrit de 1950 à 1969 et de nouveau depuis novembre 2016. Pourtant même les meilleurs amis de Galland apprendront par ce petit livre quantité de faits méconnus ou inédits, grâce à la plume de Jean-Philippe Leresche, actuel président du comité d’édition du «Savoir suisse», et de l’historien Olivier Meuwly. Les mêmes auteurs avaient préparé en secret, pour ses 80 ans, l’hommage collectif Bertil Galland ou le Regard des mots (2011).

La documentation utilisée est impressionnante: écrits de Galland, y compris les articles qu’il a donnés à tant de journaux divers, livres, films, interviews pour la radio et la télévision, archives…, et le portrait biographique fourmille ainsi de citations, de «mots», de références précises. Il est écrit de façon nuancée et subtile, car rien n’est simple dans la vie et les multiples activités de l’étudiant, puis syndicaliste, journaliste, éditeur, concepteur de projets monumentaux, voyageur, chroniqueur, traducteur et écrivain que fut simultanément ou tour à tour Galland. Et tout ce qu’il fait et écrit est mené avec passion, enthousiasme… et précision dans les moindres détails. On se demande comment un seul homme a pu vivre toutes ces vies: on en a le tournis. Un exemple marquant: la chronique de ses voyages et de ses activités de journaliste durant les années 1965-1966-1967 (pp. 98 ss.). Si les engagements paraissent fragmentés et divers, il faut aussi voir les projets conçus et menés à terme sur la longue durée: bien sûr l’Encyclopédie vaudoise, qui démarre en 1968, après des préparatifs minutieux, et qui se termine par des bourses de recherche sur des sujets vaudois, offertes dans les années 1990, ou l’édition des auteurs romands, son «écurie», avec les Cahiers de la Renaissance vaudoise dès 1960, puis après l’affaire Carabas ses propres éditions jusqu’en 1983; mais aussi les Editions 24 heures et leurs collections «Visages sans frontières» et «Ecrivains» continuent (aspect peu présent dans le livre), et les Plans-fixes, puis le «Savoir suisse» justement, quant à lui fort développé en de longues énumérations par son actuel président (pp. 143-156), et enfin ses Ecrits, 8 volumes publiés entre 2014 et 2018 chez Slatkine. Tout cela en plus des articles de journaux, liés à l’actualité quotidienne.

Soulignons les pages précises et fines sur les écrivains dont les talents priment toujours sur les positions idéologiques, si extrêmes soient-elles (pp. 75-76), sur la façon dont Galland réunit ses «bandes» et les valorise dans un but commun sans se mettre lui-même en avant (pp. 24-25 et le haut de la p. 60), l’excellent chapitre initial ou certaines pages de la conclusion (p. 174).

Bertil Galland et la Ligue vaudoise? On sent les auteurs parfois empruntés. Disons que notre mouvement, son fondateur Marcel Regamey et sa doctrine sont difficiles à décrire en quelques traits (autant que Galland!). Dans l’ouvrage de Leresche et Meuwly, qui connaissent bien le domaine, on dira que la description est très correcte, sans «coups de griffe». Parfois on a l’impression que la Ligue vaudoise est décrite comme un mouvement figé («s’enkyster dans une lecture aussi immobile du monde», p. 46), alors que précisément, par les nombreux livres que Galland a lui-même présentés dans ce cadre, à Valeyres notamment, et par toutes les éditions de La Nation et des Cahiers, notre mouvement est resté très au courant des réflexions générales sur l’évolution de la Suisse et du monde, ou sur les nouvelles situations politiques. En tout cas, le rôle important joué par M. Regamey, l’un des «pères de substitution» de Galland, et par le terreau d’amitié et de fidélité de la Ligue vaudoise est rappelé à sa juste place.

Dans une notice (p. 10), on lit: «Bertil Galland, qui a pu douter de la nécessité d’un tel ouvrage, [a] relu avec une certaine surprise le manuscrit et accepté l’amicale distance que [les auteurs] ont prise pour le saisir dans ses multiples élans.» Tous les lecteurs de cet ouvrage auront les mêmes sentiments, avec en plus la reconnaissance due aux deux auteurs pour avoir réuni tous les renseignements et appréciations qu’il contient.

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