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Susceptibilité

Jacques Perrin
La Nation n° 2223 24 mars 2023

Peut-être avons-nous consacré trop de pages à Gabriel Martinez-Gros, historien des empires et de l’Islam médiéval. Nous avons émis quelques réserves sur ses prédictions en matière de religion.

Dans Le Monde, M. Youness Boussena a recensé son dernier ouvrage, La traîne des empires. Impuissance et religions. L’article manifeste l’extrême susceptibilité des médias dits de référence dès qu’un auteur égratigne le projet moderne. Ces temps, il faut être Vert, plutôt libéral, admirateur de l’Amérique de Biden, de l’OTAN, ukrainophile et ouvert à toutes les avancées sociétales. En France notamment, mais aussi en Suisse, de plus en plus de magazines, de journaux et de sites internet alternatifs mettent en cause la bonne parole, vexant à mort les médias de grands chemins comme les appelle Slobodan Despot. Pourtant l’hégémonie de ceux-ci est encore fermement établie.

Bousenna donne d’abord un honnête résumé du livre de Martinez-Gros. Ensuite l’ironie perce et les reproches s’accumulent. Il qualifie les prédictions d’audacieuses. Il abandonne la critique précise aux spécialistes des trois aires culturelles (islamique, chinoise et romaine, réd.) qui trancheront sur la pertinence de la démonstration.

Bousenna lui-même reproche à Martinez-Gros de se fonder sur des notions jamais discutées et essentialisées. Il ne dit pas lesquelles. Une essence est une définition. Définir est-il mal? L’historien mentionne des sources discréditées. Par qui? Pourquoi? Bousenna met en cause l’historien roumain des religions Mircea Eliade (lié durant sa jeunesse, comme son compatriote Cioran, à la Garde de fer) que Martinez-Gros ne cite que deux fois. Les dogmes de la nouvelle religion prédite par l’historien sont l’antiracisme, le tiers-mondisme, l’écologie et le jeunisme: Raccourcis! Simplismes! s’insurge Bousenna. Les revendications contemporaines sont réduites à des inquisitions. Martinez-Gros n’est qu’un adepte de la prospective conservatrice, il rejoint l’entreprise antiprogressiste en cours visant à dénigrer, donc à marginaliser les revendications d’aujourd’hui. Il trahit une ignorance caractérisée des quatre dernières décennies de sciences sociales. Qu’ont démontré celles-ci? Quelle découverte fondamentale ont-elles faite? Bousenna suppose que tout lecteur du Monde est au courant.

Il n’est nul besoin d’une critique de fond. Martinez-Gros est conservateur et antiprogressiste, son compte est bon .

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