Des pommes, des poires et des places d’apprentissage
Dans la série «pourquoi les pommiers donnent-ils des pommes et les poiriers des poires», on apprend que des chercheurs continuent à chercher (c’est normal, on les paie pour cela) pourquoi les métiers masculins sont plutôt occupés par des hommes et les métiers féminins plutôt par des femmes. Une étude de l’Université de Berne aboutit à la conclusion que c’est la faute aux parents (qui persistent à influencer les choix de leurs enfants) et du «schéma typique du patriarcat» suivi par les garçons. En résumé, les filles sont très ouvertes à exercer des métiers masculins et leurs parents ne s’y opposent pas, mais les garçons, eux, rechignent à exercer des métiers féminins et leurs parents ne les y poussent pas; il en résulte que la plupart des places disponibles dans les métiers masculins sont squattées par des garçons. Les chercheurs en appellent à une intervention vigoureuse des bureaux de l’égalité fédéraux et cantonaux pour contraindre les jeunes mâles réfractaires à se lancer dans les carrières qui les intéressent le moins.
On remarquera que l’étude porte sur des places d’apprentissage. C’est apparemment là que se trouvent les métiers «genrés». Inversement, les genres les plus exotiques se retrouvent harmonieusement mélangés dans les formations académiques et intellectuelles – celles qui permettent de devenir chercheur à l’Université de Berne, militant écoresponsable sur le bitume, colon pro-palestinien sur les campus, ou chanteur non binaire aux Hunger Games.
Cette obsession des questions de genre laisse toutefois irrésolu le problème du déterminisme social: il n’y a pas si longtemps, beaucoup d’universitaires se lamentaient en constatant que les enfants de parents prolétaires étaient trop peu nombreux à embrasser des carrières universitaires. Ne faudrait-il pas, aujourd’hui, pousser davantage d’enfants de parents universitaires à échapper à l’influence délétère de leurs géniteurs et à se lancer dans un honnête apprentissage?
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Deux initiatives électoralistes sur les coûts de la santé – Editorial, Félicien Monnier
- Gustave Doret par Antonin Scherrer – Frédéric Monnier
- Friedrich Gulda, sublime et farceur – Jean-François Cavin
- Multiples dépossessions – Lionel Hort
- L’inefficace initiative antivax – Olivier Delacrétaz
- Définir la souveraineté monétaire – Benjamin Ansermet
- Occident express 123 – David Laufer
- Au-delà de la république des juges – Olivier Klunge