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Que peut tolérer l’Etat de la part des journalistes?

Pierre-Gabriel Bieri
La Nation n° 1887 23 avril 2010
Le 11 mars dernier, à la prison d'Orbe, un détenu dangereux, condamné à vingt mois de prison notamment pour voies de fait, vol et lésions corporelles, et qui avait déjà défrayé la chronique en 2008 en se barricadant sur un toit, a mis volontairement le feu à sa cellule. Conformément aux directives relatives à cette catégorie de détenus, les gardiens ont attendu l'arrivée des gendarmes d'élite (DARD) pour ouvrir la porte. Entretemps, le prisonnier est mort asphyxié.

La presse et les milieux de gauche – l'avocat du détenu est aussi député socialiste – ont saisi cette occasion pour organiser une campagne intensive d'accusations contre la police et le service pénitentiaire.

Le 16 avril, le journal Le Matin a publié, toujours dans le but d'accuser les autorités, une retranscription complète, minute par minute, des communications téléphoniques de la centrale d'engagement de la police cantonale le soir de la mort du détenu.

Cette publication déplaisante pose un certain nombre de questions – dont on se doute qu'aucun journaliste ne les abordera.

Les conversations téléphoniques de la police sont-elles à la libre disposition du public? Sinon, comment les journalistes du Matin se sont-ils procuré cet enregistrement? La police a-t-elle perquisitionné dans les bureaux du Matin pour le savoir? A-t-elle interrogé les journalistes qui ont publié cette transcription, ainsi que leur rédacteur en chef? L'avocat du détenu disposait-il de cet enregistrement? Les autorités font-elles le nécessaire pour déterminer l'origine de cette fuite? S'il s'avère que celle-ci provient d'un fonctionnaire de la police cantonale, qui enquêtera à ce sujet?

Est-il par ailleurs légal de diffuser le contenu des conversations téléphoniques de la police? Dans le cas contraire, les journalistes concernés et leur rédacteur en chef seront-ils inculpés? S'ils ne sont pas inculpés, doit-on en conclure que la loi ne s'applique pas de la même manière à toutes les catégories de personnes, ou que l'Etat tolère que certaines professions se considèrent au-dessus des lois?

Face à toutes ces questions que personne ne pose et qui restent sans réponse, on s'étonne et on s'inquiète de n'avoir entendu, de la part des autorités, que des excuses.

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