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Education sexuelle fédérale

Georges Perrin
La Nation n° 1887 23 avril 2010
Cinquante pages A4, d’un style de traduction qu’on imagine, sans égards pour nos limites d’absorption avant la nausée, c’est ce que la Hochschule Luzern, la Pädogogische Hochschule Zentralschweiz, appuyées par divers «Centres de compétences pour l’éducation sexuelle à l’école» de quelques régions de Suisse, et sur mandat de l’Office fédéral de la santé publique, ont réussi à confectionner et à proposer comme «Bases pour une harmonisation et un ancrage au niveau national de l’éducation sexuelle à l’école et réflexions sur la formation et la formation continue des enseignants dans les hautes écoles pédagogiques». Cette double formation s’appelle la «pédagogie bicéphale». Elle a déjà conçu un terme symbolique pour indiquer qu’elle se préoccupe de la santé, de toute la santé, de la jeune génération: c’est le concept de la «salutogénèse».

L’intérêt n’est pas tant de savoir ce que ces gens disent, mais d’abord ce qu’ils visent. Et là, aucune surprise: ils se lancent dans le champ ouvert par HarmoS: «Il existe déjà, au niveau cantonal, diverses directives […]. Dans l’optique d’une harmonisation de l’éducation sexuelle sur le plan national, il serait nécessaire de les modifier en conséquence.» Même si les cours d’éducation sexuelle cantonaux ne sont pas pour nous plaire, nous ne voyons pas ce que des cours fédéraux leur apporteraient de plus, sinon une disgrâce supplémentaire.

Une autre visée consiste à introduire ici une des «normes» des «droits de l’homme», qui revient à considérer que tous les comportements ont la même valeur, laquelle est purement individuelle; par conséquent il faut présenter aux enfants l’éventail de tout ce qui se fait et se pratique, sans aucun jugement de valeur. Morale plate comme un électroencéphalogramme de moribond. «On considère que la sexualité est subordonnée aux conditions sociales et psychosociales, qu’elle n’est pas déterminée par les stéréotypes de l’homme ou de la femme, et qu’elle comprend les modes de vie hétérosexuels, homosexuels et bisexuels.» Un des buts de cette éducation est d’établir «le choix à l’autodétermination sexuelle». Ces nouvelles lumières de la science éducative sont aujourd’hui «basées sur des connaissances scientifiques»; «elles oeuvrent à la réalisation de l’égalité des sexes; elles demandent que soit acceptée la diversité des formes de vie commune existant chez les êtres humains». Interdit donc d’enseigner un comportement exigeant, qui serait élitaire et donc discriminant.

Il peut arriver qu’un enseignant ait une opinion personnelle sur certains sujets, par exemple sur l’égalité des sexes, les lois relatives au mariage et à la vie en couple, l’interruption de grossesse; au lieu d’«avoir recours au stock de connaissances nécessaires pour se prévaloir d’un rôle professionnel», il risque de «se replier sur ses convictions personnelles. Ce faisant, il sort de son rôle social et passe du rôle d’enseignant à celui de personne privée. En règle générale, ce procédé est à mettre au même plan qu’un manque de réflexion, au point que les réponses appropriées ne se rapportent pas ou se rapportent trop peu au vécu des élèves dans la mesure où elles sont énoncées avec une perspective d’adulte». Il vaut donc mieux être le perroquet du texte fédéral que de parler en homme d’expérience.

Autre risque pour les éducateurs: les familles! Dans certains cantons, les parents ont la liberté de dispenser leurs enfants de ces cours. «La possibilité d’une telle dispense n’est pas opportune face aux réflexions relatives à la socialisation sexuelle […] et à la connaissance des droits fondamentaux et des droits de l’homme s’y rapportant. […] Cette façon d’agir n’est pas raisonnable et devrait faire l’objet, dans la nouvelle conception en attente relative à un ancrage au niveau national de l’éducation sexuelle à l’école, de nouvelles dispositions tenant compte du droit des enfants, au cours de l’harmonisation des directives générales cantonales visée».

Il s’agit donc du droit des enfants. Que les parents se le disent!

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