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Le GSsA s’inquiète-t-il vraiment du suicide?

Félicien Monnier
La Nation n° 1908 11 février 2011
Lors de son dernier congrès, le Parti socialiste suisse a mis l’abolition de l’armée à son programme. Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), quant à lui, affiche clairement ses ambitions dans sa dénomination.

Depuis l’échec de son initiative pour la suppression de l’Armée en 1989, le GSsA a compris qu’il ne pourrait atteindre son but que par des chemins détournés, ou en tout cas indirects. Il s’était ainsi jadis lancé dans la lutte contre les avions de combat sous prétexte qu’ils font du bruit. Il s’en prend maintenant aux armes à feu, en particulier aux armes d’ordonnance, sous prétexte qu’elles sont la cause de nombreux suicides et autres drames familiaux1. C’est là l’objet de l’initiative «pour la protection face à la violence des armes» sur laquelle nous voterons le 13 février. Le PS soutient fermement l’initiative.

Profitant d’une nouvelle campagne émotionnelle, nos grands quotidiens s’étalent en statistiques peu claires et images chocs. Ils se plaisent ainsi à publier des photographies où un Fass 90 semble artistiquement posé contre un mur de garage, entre un tricycle et une paire de patins à roulettes. Automatiquement, «le débat se recentre» sur ces armes répandues dans la population pour le plus grand malheur de celle-ci, nous dit-on. On veut par là éviter que le débat ne s’élève. Et c’est bien le but recherché par les initiants. Car ils savent que la vraie question ne porte pas sur les conséquences du nombre d’armes répandues chez des privés mais sur les raisons d’être de l’armée en Suisse.

Au-delà de ce salmigondis sentimentaliste et nébuleux, l’atteinte à l’armée que provoquerait une acceptation de l’initiative est certaine. Le lien de confiance entre l’armée et le corps électoral qui préside à sa destinée est le pilier d’une armée de milice. Si on lui retire son arme, le soldat suisse entendra le message suivant: nous attendons de vous que vous donniez votre vie s’il le faut, mais vous n’êtes pas suffisamment responsable pour garder un fusil sans munitions à la maison. Autant tout de suite considérer que nos soldats sont de la chair à canon, et nos officiers des incapables.

En acceptant l’initiative, ce lien de confiance sera rompu. Nous n’aurons alors plus qu’à attendre qu’un commandant de compagnie ose refuser d’engager ses hommes pour le prochain World Economic Forum de Davos. Ses arguments seront même assez crédibles: un officier qu’on juge incapable de garder un pistolet chez lui est-il apte à commander deux cents hommes?

Cette initiative n’a d’autre but que d’affaiblir l’armée de milice, ciment de l’unité confédérale. Elle s’en prend pour cela à l’une de ses expressions les plus fondamentales: l’arme personnelle. Pour ne pas discréditer l’un des instruments les plus importants de notre politique de sécurité, il faut dire NON le 13 février prochain.

 

NOTES:

1 Les adversaires s’affrontent d’ailleurs sur des bases et des priorités complètement opposées: le fait divers combat le symbole. Aussi terribles que soient les uns et fondamental l’autre, il y a là un saut logique…

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