Une part de la vérité?
Il convient cependant de distinguer. Chrétien et réformé lui-même, l’auteur du présent article ne peut ignorer que l’homme est limité, incapable de comprendre et d’assumer l’entier du message révélé par le Dieu trinitaire, et qu’il est souvent porté à mésuser de sa raison. Il importe cependant de souligner qu’en bonne doctrine chrétienne le mal est dans l’homme pécheur, victime et acteur de la Chute, et non pas dans la révélation ou dans le Créateur. Partant, les Eglises réformées – dont l’article de M. Némitz vante l’approche «intelligente et tolérante» – doivent, comme toutes les Eglises chrétiennes, affirmer et réaffirmer la vérité de la foi chrétienne. Dit plus carrément, les Eglises chrétiennes doivent encore et toujours distinguer entre notre incapacité à assumer même ce qui nous est révélé par Dieu, et les limites que d’aucuns prêtent à la révélation chrétienne. Cette attitude ne saurait faire de nos pasteurs ou de nos curés des «extrémistes» ou des «conservateurs intransigeants» – pour reprendre les termes de M. Némitz. Cette attitude n’oblige pas non plus quiconque à être chrétien «contre son gré», puisque nul ne saurait prétendre imposer la grâce de la foi. Enfin, cette attitude n’empêche nul chrétien de voir une part de vérité dans certaines affirmations des autres religions. Elle oblige simplement à choisir entre n’être d’aucune religion ou d’une seule. En un mot, cette attitude, sans être aucunement géniale ou originale, est la seule attitude logique pour qui se dit chrétien et non syncrétiste.
Pour en revenir à l’article de M. Némitz, il ne nie pas la véracité de la foi chrétienne, mais dresse bien plutôt un état des lieux de l’image des religions sous nos latitudes en général – et en France en particulier. Il faut donc se garder de faire un mauvais procès à une personne qui, par une brève analyse, a donné prétexte à ces quelques lignes. Il est cependant permis de préciser que, de nos jours, l’extrémisme n’est pas, à proprement parler, l’apanage des pasteurs vaudois.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- L’impossible parti du centre – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Camps – Jacques Perrin
- Le choix stupéfiant du Général Guisan par les Romands – Jean-Jacques Rapin
- Un fédéraliste vaudois à Berne: Charles F. Pochon – Jean-Philippe Chenaux
- Hygiénisme déplacé – Revue de presse, Philippe Ramelet
- On voit qui commande ici – Revue de presse, Ernest Jomini
- Promesses faciles – Revue de presse, Cédric Cossy
- Isolement ou libération? – Revue de presse, Philippe Ramelet
- «A mercredi prochain!» – De l’importance d’une doctrine incarnée – Félicien Monnier
- Un nombre pas fréquentable? – Cédric Cossy
- Du bon ordre des institutions (et des dirigeants nord-coréens) – Le Coin du Ronchon