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2014: lumières, blagues racistes et gentils riches

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 1984 10 janvier 2014

Le cap du Nouvel-An est l’occasion de formuler des vœux dont on n’est jamais très sûr qu’ils se réaliseront, de prendre de bonnes résolutions qu’on est quasiment certain de ne pas tenir, mais aussi et surtout de faire le point sur «ce qui change». C’est ainsi: chaque 1er janvier amène – horresco referens! – son lot de nouveautés et de changements, dont les médias adorent nous dresser la liste.

L’innovation dont on nous aura le plus rebattu les oreilles est sans conteste l’obligation de rouler constamment avec les phares allumés. Cela contribuera à «dresser» les conducteurs à faire ce qu’on leur dit comme des automates, en cessant de réfléchir à ce qui est utile ou opportun sur la route. Accessoirement, les collectivités publiques se réjouissent de prélever la modique somme de 40 francs auprès de chaque contrevenant; il n’y a pas de petit profit.

Sachant que le Canton de Vaud se trouve fort marri d’être privé des 50 millions de francs qu’il attendait de la Banque (abusivement dite) nationale, on peut se demander si les automobilistes qui allument leurs phares ne seront pas eux aussi amendés, «à titre préventif», pour le cas où ils les éteindraient plus tard. On y songe en apprenant qu’une dame s’est fait retirer son permis de conduire alors que, ivre, elle n’avait ouvert sa voiture que pour y prendre son téléphone portable. La sanction a été confirmée par les juges du Tribunal cantonal qui ont doctement expliqué que «l’autorité peut ainsi se contenter de faits dont la constatation ne franchit encore que le seuil d’une vraisemblance suffisante». Les Lausannois qui n’osent plus traverser le centre-ville le soir se réjouissent de savoir que, dès ce jour, la police arrêtera tous les individus dont il apparaît «suffisamment vraisemblable» qu’ils vont tôt ou tard vendre de la drogue, commettre des vols et des déprédations et agresser des passants.

Sur quel critère fonder un tel soupçon? Sur la nationalité, bien sûr! C’est là une autre nouveauté pour 2014: il est dorénavant permis à un élu de tenir des propos racistes, à condition qu’il soit socialiste. Nous devons cette jurisprudence au maire de Berne, Alexander Tschäppät, qui s’est moqué publiquement de la paresse des Italiens en des termes qui auraient valu à n’importe quel membre de l’UDC un tollé international. Le grossier personnage étant de gauche, nos journalistes ont rampé à ses pieds pour lui permettre d’attester de sa bonne foi et de son antiracisme immaculé, en expliquant que «ses blagues avaient été clairement identifiées comme de la comédie». Comme Dieudonné, donc?

Mais le changement de cap le plus spectaculaire en ce début d’année, c’est… la fin de la chasse aux riches! Eh oui: on peut aujourd’hui être milliardaire, patron sulfureux de sociétés internationales mêlant pétrole et finance, et n’en être pas moins adulé comme un héros par toute l’intelligentsia politico-médiatique, occidentale en général et helvétique en particulier. A condition bien sûr d’être un ennemi personnel de Vladimir Poutine. Aux dernières nouvelles, Mikhaïl Khodorkovski se serait installé sur la Riviera vaudoise. S’il reste, combien le richissime oligarque paiera-t-il d’impôts au Canton? Il faudra peut-être poser la question à son ami Andreas Gross…

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