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Anne-Catherine à Sochi

Daniel Laufer
La Nation n° 1987 21 février 2014

Il s’en est fallu de peu pour que l’on déroulât le tapis rouge à Sochi à l’arrivée de l’ambassadrice du gouvernement du Pays de Vaud, qui représentait également diverses organisations non gouvernementales (ONG) actives dans la lutte en faveur de l’égalité des femmes battues et des enfants non désirés. Elle devait y rencontrer le président du Comité international olympique, rencontre déjà préparée au siège du CIO à Lausanne. Il faut reconnaître que cette rencontre a été un succès sans précédent: Anne- Catherine a en effet convaincu le président d’entrer dans ses vues et de revoir ainsi toute la philosophie olympique; on veut espérer qu’elle inspirera l’organisation des prochains jeux.

Premier point: suppression des médailles. Cette hiérarchisation est tout simplement scandaleuse, elle est une injure permanente au principe égalitaire. Chaque athlète a droit au respect de tous, quel que soit son rang. Sa seule présence, quelles que soient ses performances, le met au niveau de n’importe quel autre. Le CIO a déjà planché là-dessus et a demandé à Anne-Catherine selon quels critères sélectionner les candidats à un titre olympique (on ne parle plus de médailles, notez-le bien). Le mot de sélection l’a fait sursauter: il n’est pas question de sélectionner. Chez nous, dit-elle, nous avons déjà créé un logiciel qui tiendra compte de tous les paramètres propres à désigner les candidats: l’âge, le sexe, l’origine sociale, le comportement avec ses proches, sa capacité de désobéir, ses objections de conscience et d’inconscience et, éventuellement, ses mérites sportifs.

Deuxième point: la fusion des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques. Toute personne a un handicap, dit Anne-Catherine, souvent refoulé, il est vrai, pas toujours apparent, mais réel. Au nom de quoi faudrait-il faire une distinction entre un athlète qui descend très vite peut-être, mais qui souffre, à l’insu de tous, d’énormes complexes de supériorité, et n’importe quel autre handicapé? La grandeur des Jeux tient à la reconnaissance complète de l’égalité de tous, sans distinction. C’est sur ce dernier terme qu’elle a insisté particulièrement, ce qui a frappé vivement les membres du Comité olympique à Sochi, étonnés qu’une personne d’une telle distinction parle de la non distinction avec une telle distinction.

Troisième point: les quotas. C’est tout de même un peu facile et pas très glorieux que l’on avantage dans telle ou telle discipline, le ski par exemple, des sportifs qui viennent des Grisons, du Valais, des Montagnes Rocheuses ou de Chamonix. Sur ce chapitre Anne-Catherine s’est faite lyrique: «Je voudrais voir à Sochi autant d’Africains que d’européens, d’Américains ou de Japonais. J’ai le sentiment qu’on a voulu éliminer par une sorte de racisme qui n’ose pas dire son nom, tous les Rwandais, les somaliens, les Maliens etc. qui auraient parfaitement le droit de se mesurer sur ce grand cirque blanc.» Le Comité a trouvé ça un peu fort, le délégué russe a fait la moue, le délégué français en revanche a applaudi, faisant observer que dans les équipes de foot françaises… mais on n’a pas très bien compris la fin de sa phrase. Mais elle ne s’est pas laissé démonter, elle a au contraire menacé le CIO d’un référendum qui tendrait ni plus ni moins à l’institution d’un quota par pays, mais sans préciser sur quels critères ces quotas seraient calculés.

Quatrième point: les faux départs. Anne-Catherine fait observer qu’il arrive fréquemment que les juges stoppent un départ quand ils croient avoir repéré un athlète trop pressé. «Bien, dit-elle, je peux admettre. Mais pourquoi ne pas observer cette rigueur dans les autres disciplines, par exemple, la descente ou le saut à ski, au petit et au grand tremplin? Pourquoi? Eh bien, oui, pourquoi?»

Le Comité international olympique n’a encore pris aucune décision définitive, mais il a d’ores et déjà annoncé la mise sur pied d’une grande enquête sur le thème «Les Jeux A Venir» (JAO) et en a proposé la présidence d’honneur à Anne-Catherine.

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