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Des éloges déplacés

Jean-François Cavin
La Nation n° 2031 13 novembre 2015

Il est fort instructif de lire la presse avec plusieurs jours de retard. Les non-événements qui ont fait la une ont déjà sombré dans l’oubli public et les commentaires tendancieux publiés à chaud révèlent, à froid, leur inanité. On renforce ainsi le sens du relatif qui devrait nous habiter en permanence.

Rentrant de l’étranger une semaine après l’annonce du retrait de la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf, j’ai été ébahi de la ferveur des louanges envers la sortante. Une «grande dame» qui part «la tête haute» après «une magistrature exemplaire», une vraie «femme d’Etat»… N’en jetez plus!

Il ne suffit pas d’avoir profité des manigances visant à évincer M. Blocher pour mériter de tels éloges. Parvenue au Conseil fédéral en trahissant son parti, Mme Widmer-Schlumpf a été à peu près nulle au Département de justice et police, en tous cas dans le dossier de l’asile. Propulsée aux Finances dans une période il est vrai difficile, elle a essentiellement dit oui et amen à toutes les exigences de l’étranger. Bien sûr, les sottises de certains banquiers n’ont pas facilité sa tâche. Mais on n’a pas le souvenir qu’elle n'ait jamais lutté contre les pressions internationales destinées à amoindrir la place financière helvétique. Elle a avalé toutes les couleuvres sans ciller, y compris l’odieux FATCA, et, rentrant de ses visites à tous les Canossa du monde, n’arrivait, les yeux fixes et vides, qu’à incriminer la fatalité.

Au fond, elle était probablement d’accord avec les fossoyeurs du secret bancaire. Car elle a tombé le masque lors de son dernier acte politique: la présentation renouvelée au Conseil fédéral de son projet d’abolition du secret bancaire à l’interne, donnant aux fiscs cantonaux le droit de farfouiller partout. Le Conseil fédéral a retoqué le dossier, mais la démarche persistante de Mme Widmer-Schlumpf en dit long. Elle n’est pas une femme d’Etat, tout au plus une obstinée perceptrice.

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