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Trop de bobos à la BBC

Félicien Monnier
La Nation n° 2158 25 septembre 2020

La British broadcasting company, BBC, connaît depuis le 1er septembre un nouveau directeur général en la personne de M. Tim Davie. Le Daily Telegraph1 du 31 août a relayé l’une des premières mesures que M. Davie envisage de prendre: améliorer l’équilibre entre les émissions comiques de gauche et les émissions comiques de droite, celles-ci favorables au parti conservateur. A en croire M. Davie, trop d’émissions humoristiques de la BBC véhiculeraient des messages opposés à Boris Johnson, au Brexit, ainsi qu’à la politique gouvernementale, voire à la monarchie.

M. Davie y voit une négation du principe de service public que la BBC a pour mission d’assurer. Un humour trop orienté ne serait pas représentatif de l’opinion de l’ensemble des Britanniques. Cet humour serait par trop centré sur le mode de vie et de pensée des jeunes urbains éduqués de Londres: bref, des bobos.

Cette affaire fait suite à la polémique suscitée par la dernière «Last night of the Proms». Les Proms sont une série de concerts donnés au Royal Albert Hall de Londres durant l’été. Le dernier soir, la «last night», le BBC Symphony Orchestra accompagne des interprètes célèbres entonnant des chants populaires ou patriotiques anglais repris par l’assemblée. Le Rule Britannia ou le Land of Hope and Glory constituent le clou du spectacle. La première version du programme de cette année les avait supprimés. Plusieurs y ont vu une attaque contre l’esprit national anglais, prétendument justifiée par la dimension colonialiste de ces chants évoquant la grandeur de l’Empire britannique. Aussi a-t-il fallu une intervention du Premier Ministre pour les remettre au programme.

Ces deux affaires sont symptomatiques du rôle des médias, en particulier de service public, dans les fractures que subit aujourd’hui le monde occidental. Au nombre de celles-ci surnage celle de l’opposition entre identité nationale et indigénisme décolonialiste. Elles révèlent aussi combien leur responsabilité est grande dans l’approfondissement de ces divisions. Les atours de l’objectivité journalistique servent trop souvent à camoufler que la radio et la télévision publiques penchent dans la très grande majorité des cas toujours dans la même direction idéologique. Elle nous montre combien elles vivent en circuit fermé, dans une bulle habitée d’urbains progressistes «décryptant l’actualité», fût-ce avec humour, en recourant toujours aux même critères égalitaires, frontalement opposés aux frontières et aux traditions qu’elles encadrent.

Les journaux britanniques de gauche ont répondu à M. Davie que son pari était impossible. L’humour ne pourrait être que contestataire. C’est ici à la fois le comble et le coup de forces des progressistes: avoir conquis le pouvoir et continuer à se comporter en révolutionnaires persécutés.

Notes:

1    GARDNER Bill, «BBC’s new boss threatens to axe Left-wing comedy shows», in Daily Telegraph du 31 août 2020.

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