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L’indépendance journalistique ne se monnaie pas

Olivier Klunge
La Nation n° 2193 28 janvier 2022

Dans un billet paru dans 24 heures du 15 janvier dernier, Anna Lietti explique que «le véritable ennemi de l’indépendance journalistique est intérieur». Ce ne sont pas les pressions du politique ou de l’éditeur, mais la «loi du moindre effort» qui pousse les journalistes au conformisme. La réponse est donc que la défense de l’indépendance journalistique passe par «du temps, des moyens», qu’apportent justement les subventions aux médias soumises en votation le 13 février. CQFD.

Certes. Cependant, les subventions que toucheront directement les grandes maisons d’édition ne sont pas liées à l’engagement de journalistes et nous n’avons pas vu d’engagement des intéressés en ce sens. Les subventions permettront surtout d’augmenter les bénéfices des conglomérats aux multiples activités qui éditent désormais les principaux journaux à travers la Confédération.

La SSR, qui chapeaute les radios et télévisions publiques helvétiques, jouit de moyens très importants par la redevance et la publicité et ne brille pas forcément par ses investigations sur la politique fédérale (sauf s’il s’agit d’évincer un certain Christophe Blocher). L’indépendance journalistique n’est pas uniquement une question de moyens insuffisants.

En prenant le problème par l’autre bout, il nous semble que la baisse des lecteurs et des abonnements (et donc des recettes publicitaires) des grands journaux suisses est, au moins largement, due au conformisme des rédactions qui fait que tous traitent les mêmes sujets avec les mêmes approches et la même ligne éditoriale. Les causes de ce phénomène ne sont pas financières. Elles se situent dans l’idéologie politique uniforme qui imprègne les études de sciences politiques et de lettres d’où proviennent nombre de journalistes, dans un entre-soi dans le recrutement et l’univers professionnel et dans une allégeance au politiquement correct.

Les subventions étatiques directes n’y changeront rien. Au contraire. Le courage et la liberté d’esprit, ça ne s’achète pas. Nous voterons NON le 13 février à la Loi fédérale sur un train de mesures en faveur des médias.

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