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Sus aux SUV!

Jean-Blaise Rochat
La Nation n° 2195 25 février 2022

Le chemin de l’enfer vert de la gauche lausannoise est pavé d’intentions assassines contre les amateurs de véhicules surélevés. On ne peut pas (encore) leur interdire d’acheter un SUV, mais on va leur pourrir la vie. Une guerre est donc menée par le Conseil communal de Lausanne contre la présence de ces véhicules (Sport Utility Vehicles) en milieu urbain.

Qu’est-ce qu’un SUV? Il y a cinquante ans, la firme britannique Rover a eu l’idée paradoxale d’intégrer les gènes d’une berline luxueuse, confortable et puissante au plus rustique véhicule de sa production, le Land Rover à quatre roues motrices. De cet improbable croisement (crossover) est né le Range Rover, capable de foncer avec aisance sur les autoroutes, de gagner votre chalet alpin par des chemins défoncés, de tracter votre van et son cheval de concours. Enfin, chic ultime, il vous emmène à l’opéra avec madame en tenue de soirée.

Le concept a eu un tel succès qu’il a créé une nouvelle catégorie d’automobiles avec d’infinies variations. Tous les constructeurs proposent aujourd’hui des SUV. Ils sont généralement construits sur des châssis de berlines, dont ils sont simplement les versions surélevées. Exemples: VW Polo / T Roc, Fiat 500 / 500 X, Peugeot 208 / 2008, etc. Aujourd’hui le marché s’étend du Toyota Yaris Cross (3 cylindres 1500 cm3, hybride essence électrique, 116 cv, catégorie énergétique A, CHF 30  000.–) au Lamborghini Urus (8 cylindres 4000 cm3, essence, 650 cv, catégorie énergétique G, CHF 350  000.–)

Après avoir grignoté les parts de marché des berlines, des breaks et des monospaces, les SUV représentent actuellement en Europe presque le tiers des acquisitions: la clientèle aime la rassurante position de conduite surélevée, l’aspect pratique et le style un peu baroudeur qui donne l’illusion du sport. Malgré leur petit air fiérot d’aventuriers du week-end, beaucoup de ces SUV sont dépourvus de traction intégrale et ne sont pas destinés à quitter le bitume.

Depuis une cinquantaine d’années, les automobiles ont pris une place qu’on peut juger excessive dans notre société, par leur nombre, par leur embonpoint: il suffit de comparer une Fiat 500 de 1970 (470 kg, longueur 3m, largeur 1,30m) et son dérivé d’aujourd’hui (1400 kg, longueur 3,60 m, largeur 1,70m en version électrique) pour constater que même les petites voitures sont devenues obèses. L’empreinte au sol d’un Range Rover de première génération correspond à celle d’une Golf actuelle!

Les catégories d’automobiles en général et celles des SUV en particulier sont complexes et ne correspondent pas forcément à la vision fantasmée et diabolisée que certains élus lausannois ont du SUV: ils ont fixé leur exécration sans nuance sur l’image d’un pachyderme encombrant et polluant, piloté par un irresponsable, potentiellement meurtrier. Les critères énoncés pour leur élimination (crossover, 4x4, plus de 1,5 tonne) montrent que l’objectif visé à terme est l’éradication totale de l’automobile en ville. En effet, si l’on s’en tient simplement à la question du poids, presque tous les véhicules jugés écologiques (électriques ou hybrides) sont disqualifiés à cause du poids des batteries. Exemple: vous êtes un citoyen écoresponsable désireux de faire un geste pour la planète. Vous troquez donc votre bruyante et polluante VW Golf à essence (1400 kg) contre le modèle correspondant électrique paré de toutes les vertus écologiques, l’ID 3. Horreur! Il pèse 1800 kg! Que faire pour complaire aux autorités? Pour lutter contre la fournaise climatique? Pour sortir de ces affreuses contradictions?… Qu’est-ce que je vais devenir, moi? Eh bien: piéton, voilà!

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