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La guerre des mots

Pierre-Gabriel Bieri
La Nation n° 2200 6 mai 2022

Vladimir Poutine ne veut pas qu’on qualifie de «guerre» l’assaut de l’armée russe en Ukraine. Selon lui, il s’agit d’une «opération militaire spéciale». Dans le camp occidental, cette coquetterie de langage peu convaincante constitue un sujet d’indignation ou de moquerie.

On devrait pourtant se souvenir que, lorsque le gouvernement de Kiev a lancé son artillerie contre les populations récalcitrantes du Donbass en 2014, il n’était pas non plus question de «guerre», mais seulement d’une «opération antiterroriste». Ce refus d’employer un mot gênant a été une cause indirecte de la destruction d’un avion de ligne malaysien, l’aviation civile n’ayant alors pas jugé utile d’interdire le survol de la zone des combats.

Tout récemment, en lisant l’ouvrage de David Colon Propagande – La manipulation de masse dans le monde contemporain, nous sommes tombés sur un passage où l’auteur rappelle que la guerre d’Algérie avait été officiellement désignée comme des «opérations de sécurité et de maintien de l’ordre». Il cite ensuite un extrait d’un article écrit en 1946 par George Orwell: «Des villages sans défense sont bombardés par les airs, les habitants chassés à la campagne, le bétail mitraillé, les baraques incendiées par des balles incendiaires: c’est ce qu’on appelle la pacification.»

Il faut se rendre à l’évidence: Vladimir Poutine n’a rien inventé.

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