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Responsabilité individuelle

Olivier Klunge
La Nation n° 2224 7 avril 2023

Après la débâcle de Credit Suisse, de nombreux politiciens ont plaidé pour que ses managers aient à en répondre personnellement.

Il sera cependant difficile de qualifier juridiquement les fautes de tel directeur ou les manquements du conseil d’administration à tel ou tel moment. Faudra-t-il faire remonter l’origine d’une culture d’entreprise toxique à Brady Dougan, à Lukas Mühlemann? En fait, dans un géant bancaire tentaculaire gérant des activités multiples sur l’ensemble du globe et brassant les produits financiers les plus sophistiqués, personne n’est ou ne se sent responsable de l’avenir de l’entreprise. Aucun actionnaire ne détient plus de 10% des actions, seulement deux (la Saudi National Bank et Qatar Holding) plus de 5% et seulement depuis quelques mois. Le conseil d’administration comme la direction (executive board) sont composés de cadres qui savent qu’ils ne feront qu’un passage, de quelques années au mieux, dans ce groupe avant de rejoindre d’autres défis professionnels.

Depuis de nombreuses années, Credit Suisse n’avait pas de patron. Un patron, c’est un chef qui se préoccupe du bien de l’entreprise, qui porte, qui incarne, son projet, ses valeurs. Face aux intérêts des actionnaires, des travailleurs, des clients, des fournisseurs, des bailleurs de fonds, le patron est celui qui opère la synthèse de ces attentes, reconnaît ce qu’elles ont d’indispensable, de légitime, et finalement décide selon ce qu’il estime le meilleur pour assurer l’avenir de l’entreprise dont il a la charge.

Un patron n’est pas forcément l’actionnaire unique ou majoritaire de sa société, ni issu d’une lignée fondatrice. On pourrait citer Pierre Arnold pour la Migros ou Jean-Claude Biver pour Hublot.

Le patron inscrit son action, ses réflexions et ses décisions dans la durée, avec le souci de transmettre une entreprise solide à ses successeurs. Le tissu de nos PME est riche de ces chefs qui incarnent leur entreprise et s’en sentent responsables, alors que Credit Suisse est l’exemple caricatural des sociétés mondialisées où les dirigeants semblent principalement préoccupés d’atteindre les objectifs déterminants pour leur bonus.

La durabilité, très à la mode en matière écologique, gagnerait à le devenir aussi en matière économique. Et d’ailleurs aussi en matière politique: nos édiles, élus pour quelques années et fort préoccupés de flatter leur électorat, prennent parfois des décisions démagogiques, dont on aimerait qu’ils se sentent personnellement responsables lorsqu’il s’agira d’en assumer les conséquences.

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