Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Fragments d’un homme ordinaire de François Debluë

Vincent HortLa page littéraire
La Nation n° 1957 28 décembre 2012

Dans son dernier ouvrage, le poète et écrivain François Debluë se présente en homme ordinaire qui, en quelques touches sensibles, témoigne de la vie qu’il a menée et du siècle qu’il a traversé.

L’âge de la retraite venu, il évoque son parcours en commençant tout naturellement par l’état de nouveau-né pour se projeter aux derniers jours dans celui de mort et enterré.

L’auteur a trop de pudeur pour s’exprimer à la première personne. C’est donc avec distance, en observateur fin et lucide de lui-même, qu’il décrit ses premiers pas dans l’existence, sa famille, ses premières tentatives, ses échecs, ses succès, ses petits travers et ses grands élans.

Le livre se compose de soixante-neuf courts chapitres dans lesquels l’auteur rapporte avec une tendre ironie les épisodes graves ou légers qui ont jalonné sa vie et contribué à le construire. Ces tableaux brossés avec délicatesse présentent l’homme «en situation»: avec les siens, dans son métier, en société et face à lui-même.

«Son père était musicien, sa mère était sévère.» Dès sa naissance, François Debluë éprouve le manque de tendresse maternelle et la solitude. Il grandit dans la lointaine présence de demi-frères plus âgés et plus jeunes. L’internat lui laisse l’amer souvenir des larmes refoulées.

Le temps des études lui ouvre des horizons variés: le théâtre, la peinture, le sport et la musique. En dépit de sa persévérance, ses tentatives n’aboutiront pas. C’est dans l’écriture qu’il tracera sa voie.

Jeune homme plus individualiste que solitaire, il se sent souvent en décalage avec son environnement. Au temps de l’école de recrues, et malgré un fond de bonne volonté, il peine à y croire et à partager l’enthousiasme patriotique de ses camarades.

Et puis la vie le prend. Pédagogue, poète, écrivain, boursicoteur malchanceux, mari, père de famille… Il s’affaire, s’engage, s’agite mais garde au fond de lui une tenace circonspection qui le préserve de se prendre trop au sérieux, même lorsque la gloire et les honneurs officiels lui seront dévolus.

Il s’accorde aussi le droit de voyager, de rêver, de paresser, d’hésiter, de se plaindre et de se tourmenter parfois. Constamment, il exerce l’art exigeant de l’observation, mi-amusée, mi-sarcastique, et l’applique à sa propre personne dans de fréquents moments d’introspection.

Au bout de son chemin se profilent la vieillesse puis l’ombre de la maladie et de la mort. Il le sait et «espère pouvoir sourire jusqu’au bout. […] A ses amis. A ses proches. A ses infirmières».

Fragments d’un homme ordinaire n’a ni la vocation, ni la prétention d’être l’autobiographie de l’écrivain de Rivaz. Son intérêt est ailleurs. L’ouvrage retrace une vie vraie, inscrite dans son temps et dans son environnement. François Debluë se plaît à se décrire en homme ordinaire mais ses lecteurs découvriront aussi l’honnête homme, témoin subtil et attentif de son époque.

(Fragments d’un homme ordinaire, François Debluë, Editions L’Age d’Homme, avril 2012, 141 pages).

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: