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L’image romantique des révolutions

Pierre-Gabriel BieriRevue de presse
La Nation n° 1991 18 avril 2014

Le Courrier de Russie (www.lecourrierderussie.com), qui a toujours présenté des articles assez modérés et objectifs sur les événements survenus en Ukraine au cours de ces derniers mois, a publié le 4 avril un long article d’Inna Doulkina intitulé «Pourquoi les habitants de la Crimée ont-ils dit oui à l’intégration à la Russie?» Entre autres arguments, elle évoque la crainte de rester dans un Etat complètement déstabilisé:

[…] Les Européens ne conservent souvent de leurs révolutions qu’une image romantique, ayant depuis longtemps oublié toutes les horreurs qu’elles portaient. Ils idéalisent généralement les révoltes populaires, refusant d’en voir l’aspect destructeur. Dans leur esprit, ceux qui descendent dans la rue et exigent la démission du gouvernement ont nécessairement raison, et il ne reste au pouvoir qu’à se plier à leur volonté.

Les Européens vivent souvent dans l’illusion que toute révolte et toute destitution du pouvoir sont nécessairement positives. Ils estiment également qu’on peut renverser impunément des chefs d’Etat, et que le dirigeant nouveau sera forcément meilleur que le précédent. [… ] On l’oublie trop, mais un Etat est un mécanisme éminemment plus subtil que celui d’une montre suisse, et on ne peut pas le briser un jour en espérant qu’il se remettra à fonctionner parfaitement dès le lendemain.

Ce constat que les Européens semblent avoir oublié, les Russes s’en souviennent: il ne s’est pas écoulé un siècle depuis leur Révolution et, si elle a apporté sa dose de progrès, on se demande toujours si le prix à payer était raisonnable.

[…] Vu de loin, cet épisode de l’histoire de l’Ukraine peut paraître excitant; mais parmi ceux – nombreux – qui saluent la révolution ukrainienne depuis l’étranger, ils sont peu à vouloir venir la côtoyer de plus près. […] Allez savoir pourquoi, tous préfèrent – et c’est aussi vrai pour les Russes que pour les Occidentaux – vivre dans un pays où les pompiers, les ambulanciers, les chauffeurs de bus, les juges et les policiers font leur travail, c’est à dire un territoire où l’Etat existe et remplit ses fonctions.

Cette sage analyse vaut évidemment pour bien d’autres cas que celui de l’Ukraine.

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