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Protéger Lavaux sans Franz Weber

Jean-François Cavin
La Nation n° 1991 18 avril 2014

M. Edmond Chollet n’est pas l’homme à chercher la vedette. Et le voilà propulsé à la «une» de l’actualité cantonale, à cause de la votation prochaine sur Lavaux, dans un film sur la protection du vignoble et même sur une affiche grand format! Il le mérite bien d’ailleurs, pour avoir stoppé à la fin des années soixante le développement anarchique des constructions dans la commune de Villette, dont il était le jeune syndic, avec imagination et ténacité, selon un système original et potentiellement efficace. Et c’est justement ce système, ainsi que les circonstances de l’époque, qui font l’objet du film de 30 minutes environ dont nous recommandons la vision1.

Le documentaire réalisé par MM. Thierry Bovay et Marc Comina retrace avec précision et impartialité le cheminement de l’aménagement du territoire de Lavaux, depuis l’époque de la première surchauffe (l’Expo de 1964 étalait en immenses photomontages ce que seraient les coteaux trente ans plus tard en l’absence de mesures protectrices) jusqu’au dénouement de l’affaire de Villette en 1972, et même après. On y évoque les grands chantiers du moment, les vues hardies de Jean-Pierre Vouga, les règles de droit prévalant en ce temps-là, et bien entendu le cas de Villette: un projet de trois villas en pleines vignes, le refus de la municipalité, l’obligation où elle se trouvait de présenter un plan de zones, la collocation de 93% du vignoble en zone inconstructible contre 7% en zones à bâtir, contiguës au village du bas et au hameau d’Aran (avec un projet architectural dans le style des maisons vigneronnes), le mécanisme de compensation qui attribuait aux propriétaires frappés par une expropriation matérielle une surface en zone constructible. Puis l’appel à Franz Weber par des opposants locaux, à l’initiative de l’avocat Marcel Heider (longuement interviewé dans le film), l’acceptation du plan en votation populaire communale, et le lancement de la première initiative Weber en 1973 qui allait bloquer le processus.

On entend les témoignages d’acteurs de l’époque, au premier rang desquels le syndic (mais M. Weber, sollicité, n’a pas daigné répondre), et les commentaires que cette histoire inspire aujourd’hui à des aménagistes ou à des chroniqueurs.

M. Bertil Galland dit son admiration pour M. Chollet, mais le film précise bien qu’il rejoint aujourd’hui la méthode vigoureuse de M. Weber.

Pour avoir mené à chef ce projet novateur, le syndic d’alors a bien sa place au centre de cet intéressant documentaire. Mais pourquoi le présenter sur l’affiche comme «notre Franz Weber», ce qui peut être perçu comme une sorte d’injure? Il n’a pas agi de manière sommaire et fanatique, mais avec réalisme et sens de la nuance. «Notre Franz Weber»? Notre Edmond Chollet, c’est mieux.

Notes:

1 Visible sur internet, www.notrefranzweber.ch.

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