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OUI au Gripen

Félicien Monnier
La Nation n° 1991 18 avril 2014

Nous voterons le 18 mai sur la création d’un fonds d’acquisition de vingt-deux Gripen, les avions de combat du suédois Saab. Il s’agit de remplacer notre flotte d’obsolètes Tiger F-5. Nous ne votons pas sur le principe de leur acquisition, mais sur le moyen de financer le remplacement de matériel militaire vieillot. Une fois de plus, socialistes, verts et GSsA n’attaquent pas la défense frontalement. Gardons à l’esprit que leur programme demande la suppression de l’armée.

Nous ne voulons pas revenir sur les détails techniques. Ils nous échappent dans une large mesure. Le Gripen E, la nouvelle version élaborée sur demande du Conseil fédéral, remplit le cahier des charges fixé par nos forces aériennes. Ce point ne saurait être négligé. Parmi les meilleurs du monde, nos pilotes sont d’exigeants professionnels. Il est en revanche passionnant de voir combien les militants socialistes, plutôt habitués aux subtilités de la caisse unique et du salaire minimum, sont devenus des experts en physique aéronautique. Ils nous pardonneront l’ironie.

Nous relèverons en revanche que le Gripen est un avion polyvalent. Il est capable de remplir des missions d’appui au sol, de combat aérien, de police du ciel, ainsi que de reconnaissance. Simple à entretenir, il convient à notre armée de milice. Certes, il n’a pas l’aura symbolique du Rafale ou de l’Eurofighter. Il serait bon de se souvenir à ce propos que les avions mythiques n’ont jamais remporté de grandes victoires militaires seuls. La bataille d’Angleterre a été gagnée par le trapu Hurricane, non par le romantique Spitfire.

Une armée forme un tout, dans l’espace et dans le temps. Les forces aériennes assurent la couverture de la troisième dimension. Il ne sert à rien d’avoir des troupes au sol si on ne peut leur fournir l’assurance que rien ne leur tombera dessus. De même, les moyens d’observation humains sont limités. Le Gripen, par ses moyens optiques de dernier cri, offre des possibilités biens supérieures à ce dont nous disposons actuellement. Cette campagne est l’occasion de rappeler la complémentarité entre forces terrestres et forces aériennes.

Quant à son prix, il est concurrentiel! 300 millions par an sur dix ans est une somme bien éloignée des mensongers 10 milliards qu’avancent les opposants. Sans compter que ces 300 millions sont ponctionnés sur le budget courant de l’armée. Une armée qui, ces vingt-cinq dernières années, a consenti à des sacrifices colossaux. Pensons seulement que si le budget de l’armée a faiblement diminué en vingt-cinq ans, le budget de la Confédération a doublé. En comptant l’inflation, la baisse proportionnelle du budget militaire est de 40%. L’armée est comparable à une police d’assurance. La valeur assurée est composée de nos entreprises, de nos centrales nucléaires, de nos institutions, de notre culture ou encore de notre patrimoine. Le meilleur courtier ne trouvera pas moins cher que le budget actuel.

L’argument selon lequel trente-deux F/A-18 Hornet suffisent à assurer la sécurité du ciel helvétique est faux du nez à l’empennage. Ils permettent effectivement de surveiller le ciel par temps calme. En revanche, il suffit que deux conférences internationales aient lieu en Suisse au même moment, pour que les vieux Tiger de la patrouille suisse doivent être réarmés. Cela s’est produit en janvier dernier. Il était pour le moins surprenant de voir les ailes rouges et blanches de notre escadrille d’honneur équipées de missiles sidewinder. Notre aviation eut alors un air bien guignolesque. C’est dire si nos forces aériennes méritent d’être rééquipées. Qui se souvient que les Tiger, lancés en 1964, ne sont plus construits depuis 1987? Le soussigné n’était pas encore né… La responsabilité de cette situation absurde n’incombe pas à nos militaires. Elle revient aux coupes budgétaires insensées exigées par la gauche en matière militaire depuis 1989.

* * *

L’argumentation générale des opposants, les principes qui sous-tendent leur action, sont faux et dangereux. L’idéologie du gentil pacifisme mondialiste et confortable ne rend pas seulement aveugle, elle finit par tuer. Que l’homme soit mauvais est un donné. Les postmodernes pensent que renommer la réalité la fait se plier à leurs désirs. Cela n’est pas vrai.

Cette argumentation ne propose par ailleurs aucune alternative au Gripen autre que des discours mensongers sur leur inutilité. Lorsqu’elle cite l’exemple de l’Autriche qui ne dispose que de quinze Eurofighter, elle oublie que l’Autriche est dans l’OTAN. Peut-être veulent-ils voir la Suisse adhérer à l’Alliance atlantique, autrement-dit à l’organisation de défense des intérêts américains dans le monde? Car c’est bien à ce niveau que devrait se situer le débat. Voulons-nous d’une armée à même de garantir notre indépendance et notre neutralité? N’osant pas répondre à la question, nos adversaires la fuient.

Ils brandissent donc la théorie de la montée en puissance. Ils se vautrent dans le confort du «c’est pas demain la veille». Quoi qu’il en soit, depuis le XIIIe siècle, le sort du siècle courant s’est toujours noué entre les années 10 et 20. Nous sommes en 2014, la Russie montre les dents, la Chine construit des porte-avions, les USA cherchent à étendre encore et encore leur pouvoir.

Mais la gauche suisse refuse d’acheter des avions de combat. Cherchez l’erreur.

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