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† Le pasteur Paul Bastian (1920 – 2011)

Jean-Pierre Tuscher
La Nation n° 1926 21 octobre 2011
Une personnalité importante des Eglises réformées de langue française vient de disparaître. Le mardi 11 octobre, le pasteur Paul Bastian décédait des suites d’un accident. Au soir du dimanche 9 octobre, il avait encore présidé le service eucharistique en l’église de Saint-Jean-Cour à Lausanne.

Né à Lutry, où son père était commerçant, Paul Bastian eut très jeune la conviction qu’il serait pasteur. Il y a le mystère de la vocation et les circonstances qui la favorisent. Quand Paul Bastian était adolescent, l’Eglise réformée du Canton célébrait avec faste le 400e anniversaire de la Réformation. Il y avait de quoi être impressionné. Et à Lutry oeuvraient deux pasteurs qui ont laissé une image forte et belle du ministère pastoral: MM. Gubéran pour l’Eglise nationale et Grand pour l’Eglise libre.

Formé à Lausanne, Paul Bastian fait, à 25 ans, ses premières armes de pasteur en France, dans la paroisse de Saint-Jean-du-Gard. Ses qualités sont vite remarquées: dès 1958, il devient membre puis président du Conseil de la 10e Région de l’Eglise Réformée de France. Rentré au pays en 1971, il est appelé à oeuvrer dans la paroisse de Payerne. Dès sa retraite, il est vicaire à la Cathédrale de Lausanne, puis dans les paroisses de Pully et Grandvaux.

Le pasteur Bastian impressionnait par sa carrure et par la force de ses convictions. Il avait acquis dans le Sud de la France un verbe aisé où fleurissaient l’anecdote et les exemples concrets. Dans ce pays où les persécutions avaient dressé les protestants contre les catholiques et où les partisans de la laïcité brocardaient volontiers les croyants, il aurait pu devenir un redoutable avocat de la cause protestante. Il en avait les moyens: une intelligence vive et un bel esprit de répartie. Il préféra la voie du dialogue et de la réconciliation, retrouvant là ses racines vaudoises.

Homme d’écoute, il aimait aussi conseiller ceux qui se confiaient à lui, pratiquant ce qu’on appelait, au temps de ses études, la cure d’âme. Il ne se contentait pas de cette action sur les personnes: pour lui, la seigneurie du Christ s’étendait à toute la création. C’est pourquoi il entretenait des relations avec les autorités politiques et économiques, ne manquant pas de leur rappeler leurs responsabilités envers le Créateur.

Membre du mouvement Eglise et Liturgie, il travailla inlassablement à l’unité visible des chrétiens. Déjà en France, dans une vallée entièrement huguenote, il avait contribué à l’implantation d’un ermitage cistercien accueilli et partiellement financé par un groupe de pasteurs et de conseillers de paroisse.

A Payerne, il sut donner une dimension oecuménique à l’Abbatiale en organisant, à l’occasion du 1500e anniversaire de la naissance de saint Benoît, une Journée monastique où toutes les communautés monastiques de Suisse romande et d’une partie de la France animèrent, du matin jusqu’au soir, le vénérable édifice.

Onze ans plus tard, vicaire à la Cathédrale, il organisa une rencontre des communautés cisterciennes de Suisse romande pour marquer l’anniversaire de la naissance de saint Bernard, en raison des liens d’amitié qui unissaient le fondateur de Clairvaux et l’évêque de Lausanne. Cette journée mémorable se poursuit aujourd’hui encore par les activités de l’association oecuménique des amis de saint Bernard que le pasteur Bastian présida jusqu’à sa mort.

Membre de l’Association des Amis de l’église de Saint-Jean-Cour, avec quelques pasteurs, il contribua à maintenir les cultes du dimanche soir qu’il présida si souvent et jusqu’à sa mort. Il y rassemblait une assemblée fidèle, heureuse de trouver un témoignage fervent, une prédication simple, directe et marquée par l’espérance de la Résurrection.

A la prière, Paul Bastian voulait joindre l’action, selon la devise des moines de Lavaux: Ora et labora. Dans son désir de réalisations, il était parfois impatient, s’irritant de la lenteur des Vaudois et de leurs difficultés à prendre rapidement une décision.

Plusieurs membres de la Ligue vaudoise ont bénéficié de son riche ministère, surtout parmi les plus jeunes qui le suivaient fidèlement.

Par sa cordialité et sa fidélité à l’Evangile, par son entière consécration à son ministère, par son ouverture oecuménique, le pasteur Paul Bastian laisse derrière lui une oeuvre qui a profondément marqué l’Eglise et le Pays.

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