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Contre la démocratie

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 1926 21 octobre 2011
Nous avions initialement songé, pour alimenter la présente chronique, à écrire contre le changement. L’actualité nous donne toutefois envie de changer de sujet et nous écrirons donc contre la démocratie.

Ce mot, chez quelques rêveurs passéistes, évoque une Landsgemeinde de fiers Appenzellois manifestant leurs choix en levant haut leur main, ou une ecclésia de Grecs peignant sur un bout de céramique le nom des importuns à ostraciser, à l’époque où Athènes ne vivait pas encore aux crochets de Berlin. On sait hélas que tout cela, à notre époque, n’est que du folklore pour touristes chinois ou libyens.

Le vrai visage de la démocratie, ce sont ceux, aux sourires affectés et aux regards avides, qui s’affichent ces jours le long de nos routes et de nos trottoirs. Ceux de tous les notables régionaux qui se pressent et se poussent dans l’espoir d’être vus et élus. Ceux de tous les marchands de brosses à reluire et de poudre de perlimpinpin qui veulent nous convaincre que le monde sera meilleur lorsqu’ils siégeront à Berne et qu’ils feindront de mettre en pratique les slogans déroutants de platitude insipide1 à côté desquels ils sourient aujourd’hui.

Le vrai visage de la démocratie, ce sont aussi tous ces placards vantant tel parti qui lave plus blanc, ou plus bleu, ou plus vert, souvent plus rouge. Quelques-uns sont de mauvais goût. La plupart n’en ont aucun. Ceux «de droite» ou supposés tels sont maculés ou déchirés. Certains nous font sourire, par exemple lorsqu’un parti autrefois de droite s’auto-félicite d’avoir été suivi par une majorité de Vaudois… dans les scrutins où il était allié aux socialistes. D’autres nous font un peu pitié, comme ces prétendus «bourgeois» effrayés à l’idée qu’on puisse les croire de droite, ou peut-être à l’idée qu’ils puissent simplement exister. «Soyez rassurés, pense-t-on, vous n’existez pas!» Et pourtant, ces pauvres hères inexistants, toujours incapables d’écrire sans faute leur propre adresse de courrier électronique, placardent avec effronterie qu’ils représentent «LA nouvelle force» – en précisant toutefois au bas de l’affiche: «Nous anticipons!» Ça c’est certain, et même de beaucoup!

La démocratie vue de loin, chez les autres, fait rire. Chez nous, où c’est de notre communauté qu’il s’agit, et où c’est donc du sérieux, elle donne envie de pleurer. D’être monarchiste. Ou tout au moins oligarchiste. Marxiste à la rigueur – car, tant qu’à faire, mieux vaudrait qu’il n’y ait qu’un seul parti! Anarchiste en tout dernier recours – que le plus fort gagne, il aura au moins cette qualité! Mais démocrate…


NOTES:
1 A l’agréable exception, soyons honnête, d’un candidat de l’Est du Canton dont la campagne apparaît nettement plus humoristique et spirituelle que les autres.

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